Une comédie dont l'attrait principal est son affiche: Sylvester Stallone, opposé à Robert DeNiro, sur un ring. Autrement dit, ça représente, pour les spectateurs, l'opportunité d'imaginer l'issue d'un combat (fictif) entre Rocky Balboa et Jake LaMotta. Toutefois, la production n'a pas communiqué s'il s'agissait d'une coïncidence ou d'un choix délibéré, même si tout ce qui est dans et autour du film surfe bien sur ce point. Réalisé par Peter Segal, réalisateur de Max La Menace, Self Control ou encore de La Famille Foldingue, ce Match Retour ne risque que pas d'être à la hauteur de vos attentes...
Pourquoi? Parce que plutôt s'adresser aux amateurs du film de boxe et leur proposer une comédie parodique du genre, Segal et son scénariste livre un long-métrage fade à la sauce bien trop mielleuse pour prendre aux trippes, afin de le destiné à plusieurs gammes stéréotypés de spectateurs. Ainsi, Match Retour est pas loin d'aligner tout les clichés débiles qui lui fouterait la honte dans un vestiaire avec tous les autres films de boxeur. Bien qu'il se veuille sans prétention, il se révèle plus inoffensif qu'innocent. Intégré une histoire d'amourette ou de filiation perturbés, affaibli énormément le potentiel comique de la thématique du film. C'est bien ça l'erreur principal de Match Retour, d'être constamment à deux doigts d'égarer son sujet. Ce qui était une idée original se transforme vite et devient agaçant sur la longueur.
Revenons à l'idée de départ. Raconter une vieille rivalité du ring éteinte depuis 30 ans, se réveiller à l'ère du buzz médiatique et numérique... Sur le papier ça peut être alléchant, d'autant plus que l'humour du film joue principalement sur le "syndrôme expendables": Remettre au goût du jour des dinosaures (personnages à l'écran et acteurs devant la caméra) d'un genre cinématographique particulier. Car ce qui avait fait le charme des deux premiers volets de la dernière franchise créée par Stallone lui-même, ont perpétué une vague de films où les star-pilliers des films d'action des années 80 reviennent sur les devants de la scène,tout en affirmant leur côté badass et en déconnant principalement sur le décalage entre "jadis" et maintenant.
Ainsi, dans Le Dernier Rempart, Schwarzy défenestrait une porte devant des citoyens lambdas qui lui demandaient comment il se sentait, question à laquelle Arnold répondit "Vieux". Dans le dernier Die Hard, Bruce Willis voyait son fils marcher sur ses pas. Pas question de paraître has been devant la relève. Par conséquent, on voyait Bruce/John tester le taux de testostérone de sa progéniture en lui demandant "Tu veux un câlin?", lequel répondait "C'est pas nôtre style dans la famille". Bruce obtenait le dernier mot, "C'est clair", en admettant le fait. Même chose pour Stallone qui, dans Du Plomb Dans La Tête, se faisait chambrer par son acolyte à cause de ses goûts musicaux eighties et de son ignorance du support mp3.
Là pareil, prise de poids, perte de souffle et d'endurance sont au programme pour ces deux acteurs. En revanche, pour les clins d'oeil rétros, ll faut oublier Raging Bull. C'est l'ombre de Rocky qui est omniprésente. Alors oui, évidemment que l'on retrouve le survêtement gris, les quartiers ruraux aux briques rouges (Pittsburgh comme contextualisation c'était plutôt bien trouvé), les pièce de viande et l'entrainement à l'ancienne. D'ailleurs, ce n'est pas toujours très fin et ça peut vite devenir agaçant.
DeNiro s'en donne à coeur joie dans le film. Joué la vieillesse et tout ce qui va avec, c'est le même sujet dans ses dernières comédies. Son plaisir est vraiment communicatif, il est celui qui s'en sort le mieux dans Match Retour. Dommage que l'on ne peut pas en dire autant de Stallone. Autant Rocky était un personnage gentil, naïf et attachant, autant son ersatz dans Match Retour est mièvre. Exempt de tout défauts, il en demeure un personnage vide, rien de plus. De toute façon, il faut bien reconnaître que la palette d'émotions de Stallone est bien plus réduite que celle de DeNiro. Par moments, les piques que se lancent les deux acteurs sont savoureux. Mais encore une fois, qu'importe l'issue du combat physique, c'est DeNiro qui remporte les échanges verbaux.
Mais le reste du casting s'en sors moins bien... Merci Argo de proposer à Alan Arkin d'autres rôles que celui de vielle ancêtre presque gâteux, que tout le monde croit dépassé. Kevin Hart qui avait su être sobre dans 5 Ans De Réflexion revient là presque à ses erreurs de débutants. Mais est-ce vraiment de sa faute? Il y a surement un problème à Hollywood qui réside dans le fait que quand on un acteur noir à Hollywood et que l'on ne s'appelle pas Denzel Washington ou Morgan Freeman, on est condamné à joué des jeunes black au style bling bling, à la culture hip-hop, qui jacassent sur les blancs. Kim Basinger est aussi loin d'être radieuse. Sans vouloir passé pour un connard superficiel, anti-chirurgie esthétique, je trouve que sa dose de bottox (on en oublierait presque que Sly) la conduite à une réduction de mobilité de ses muscles du visages et à des expressions faciales totalement inertes. Quant à Jon Bernthal, il faudrait faire la part des choses son personnage est nul, pas lui.
En bref, l'amas de cliché qui noie le film a trop tendance à gâcher ce qui aurait pu être un simple plaisir coupable de spectateur. Tout n'est pas forcément jetable mais on est vraiment passé pas loin de la morale gourde et de l'happy-end catastrophique. Si on tient voir DeNiro donner la réplique à Stallone, il faut peut-être se limiter à Copland. Car le meilleur atout de ce film reste surement les caméos dans la dernière scène post-générique. En tout cas, on est jamais à l'abri de voir Bob dans Expandables 4