vendredi 28 février 2014

Broadchurch, saison 1 ->"Un Village Anglais"

La série-choc britannique de 2013 a débarqué en France, au mois de février dernier. Un polar de 8 épisodes de 3/4 d'heure tout droit venu du sud de l'Angleterre. En ce début d'année, pas particulièrement propice aux nouvelles séries policières sur nos écrans de télévision, Broadchurch a fait des étincelles, écrasant même à plates coutures Joséphine de TF1, le premier lundi de sa diffusion. Même Castle n'avait pas réussi un si bon score. Des audiences qui donnent le sourire lorsque l'on voit enfin qu'un programme de qualité explose les énièmes merdes produites par TF1. Enfin une série sensationnelle apprécié à sa juste valeur et des spectateurs qui se prêtent au suspense. Même s'il y a eu moins de monde au rendez-vous la deuxième semaines,rien ne dit que le final ne passera inaperçu sur nos antennes. Bref une future création culte (un projet de remake US est déjà prévu) qui vient non pas de la renommé BBC mais du réseau de télévision concurrent au Royaume-Unis, le groupe ITV. Tout est là pour séduire les amateurs et les novices du genres. Malgré quelques similitudes avec les séries de l'Europe de l'Est et le hit de ce début d'année, True Detective, la série créée par Chris Chibnall développe quand même son propre charme... britannique, où l'air marin ne fait qu'un avec l'ambiance glauque et mortuaire de l'enquête.
Un petit garçon est retrouvé mort sur la plage de Broadchurch, petit village côtier du sud du pays. L'inspecteur Alec Hardy est envoyé de la capitale pour résoudre l'affaire. Il fait équipe avec Ellie Miller, lieutenant du commissariat local. En charge de l'affaire, l'inspecteur a du mal à s'accommoder des coutumes de ce patelin coupé du monde. Car un meurtre dans une communauté où tout le monde se connaît, ça ne facilite pas l'enquête.
Broadchurch est captivant pour son fil conducteur, à savoir deux enquêtes dans l'une, celle des personnages sur le meurtre de l'ado et celle du téléspectateur sur le passé du personnage de l'inspecteur Hardy (joué par David Tennant). Chris Chibnall met l'accent sur la psychologie des personnages (enquêteurs et suspects). Connu pour ses interprétations comiques et excentriques (Docteur Who, Fright Night, Harry Potter et la Coupe de Feu), David Tennant livre une prestation très intense de cet inspecteur taciturne, solitaire et brisé. L'enquête est assez singulière, suspecter les membres d'une communauté taiseuse et commère à la fois, mène à des situation précaires. Journalistes avares de scoop et habitants méfiants à la mentalité taiseuse compliquent la tache des autorités. La série vaut plus le détour pour ses personnages que pour l'intrigue policière. Découvrir cette communauté en deuil en parallèle de l'enquête policière, mettre l'accent sur la psychologie des personnage voilà ce qui révèle toute la dimension humaine de l'ensemble des épisodes.
L'évolution du tandem d'enquêteur se révèle même captivante, incarné par les géniaux Olivia Colman et David Tennant, ce dernier reste le personnage le plus complexe de toute la série. Son passé, ses risques presque masos, sa fragilité, sa quête de pénitence ou de rédemption qu'il est venu chercher dans cette enquête... D'une grande intensité, la série a même développé son propre style esthétique. Sa photographie claire et ses sublimes slow motions ont contribué à un sens presque onirique.
Bref, un succès foudroyant très mérité et qui ne risque pas d'être délaissé:
ITV a signé pour une saison 2 et un projet de remake US a abouti chez Fox, sous le titre de Gracepoint, de quoi combler le planning de David Tennant. L'acteur reprendra en effet son rôle dans les deux séries.
Côté États-Unis, on retrouve Anna Gunn, Michael Peña, Jackie Weaver et Nick Nolte. 
Broadchurch n'a plus rien a envié des séries rivales scandinaves comme The Killing ou The Bridge.

Note: 4/5

jeudi 27 février 2014

The Grand Budapest Hotel, ->"Fantastic Mr. Fiennes"

C'est toujours un plaisir de retrouver le cinéma de Wes Anderson, son imaginaire, sa palette de couleur pastel, ses plans larges et sa petite famille (les acteurs Owen Wilson, Bill Murray, Jason Schwartzman, Willem Dafoe, Roman Coppola à la photographie et Alexandre Desplat à la musique). On connaissait l'admiration du réalisateur pour les écrits de Roald Dalh, mais cette fois si, c'est de l'oeuvre de Stefan Zweig (auteur, poète et dramaturge autrichien des deux siècles derniers) pour écrire The Grand Budapest Hotel. Même si l'univers de ce dernier était plutôt connu pour être morbide, on assiste bien ici à une relecture à la manière du cinéaste de Moonrise Kingdom. Malgré un léger penchant vers le glauque, tout ici est jubliatoire et pittoresque, soit une heure et quarante minutes impayables. Situé quelque part dans un monde aux frontières du réel, le dernier film de Wes Anderson raconte l'épopée, de la vie dans un palace de l'Europe de l'Est, pendant l'Entre-Deux Guerres.

La construction narrative de The Grand Budapest Hotel est un peu plus complexe que ce à quoi Wes Anderson nous avait habitué, du moins pour la séquence d'ouverture du film. République de Zubrowka, de nos jours, une jeune fille vient se recueillir devant le buste de son écrivain préféré. Saut dans le passé où nous rencontrons cet écrivain qui tiens à nous présenter son oeuvre: The Grand Budapest Hotel. Pour comprendre la genèse de son roman, il nous renvoie 30 ans en arrière, où il rencontre celui dont il a en réalité rédigé les mémoires. Ce dernier nous renvoie à nouveaux dans le passé, à la période ou se déroule l'intrigue principale. Rien que dans le premier quart d'heure, Anderson a fait des voyages dans le passé encore plus conséquent que les manifs réactionnaires actuelles.
Le coeur du film est la relation entre Zero, groom au Grand Budapest, et son mentor, M. Gustave, le concierge. On suit leur péripéties dans la cosmogonie très riche et très coloré du cinéaste, dont le ton (quelque part entre Agatha Christie et Ernest Lubitsch) burlesque et caustique fait mouche à tous les coups. Le paradoxe des couleurs, l'immensité des plans, chaque film de Anderson a beau contenir sa patte artistique, le réalisateur ne cesse de renouveler son univers. The Grand Budapest Hotel est à la croisée des versants de montagnes enneigées et l'architecture baroque des villages germano-polonais ou hongrois de l'époque. Bref, des décors hauts en couleurs pour des personnages qui ne le sont pas moins, tous un peu excentriques, rigolos et originaux.
Le tandem des deux personnages principaux se retrouvent impliqué dans une affaire de meurtre et de vol de tableau destiné à un héritage.Un sens de l'ironie glaciale plane sur tout le film et une ambiance mortuaire se fait clairement ressentir tout le long. Déjà pour ce côté "meurtre dans le placard" au poison ou à l'arme blanche. D'ailleurs le champs lexical de la mort est omniprésent -décès, meurtre, héritage- que des situations funeste auxquelles s'accordent très bien le second degrés et le sens du gag un peu potache du réalisateur. Plein de rebondissements très décalés rythment le film, qui ne ménage pas suspense, tension et rires. The Grand Budapest Hotel ne démérite pas les influences mentionnées précédemment. Ce film possède ses côtés si Lubitsch pour sa force comique, en apparence potache mais corrosif en profondeur, si Christie pour son humour noire, ironiquement macabre et décalé, avec ce ton un peu "anglais", si Zweig pour ce sens des passions amoureuses et de la peinture de cette époque conflictuelle. Mais surtout, si Wes Anderson, pour avoir réussi ce subtil mélange de tout ces genres artistiques, tout en développant un style bien à lui. Son découpage technique reste quand même osé et virtuose: Repousser les limites du cadre du film en performances "live" pour plus se rapprocher du cadrage du cartoon, défiant alors plusieurs aspects logiques de la Physique.
Le casting avait son importance, afin d'insuffler la vie et un dynamisme à la hauteur de ces personnages pétaradants. En tête d'affiche, on retrouve Ralph Fiennes, brillant dans le rôle de M. Gustave. En parfait accord avec les directions prises par son metteur en scène, Fiennes délivre une prestation débordante d'originalité et de créativité dans un rôle qu'on imaginait pas de composition. Loin de toute méthode académique, l'acteur incarne ce concierge gérontophile, raffiné au début pour se révéler plutôt instable par la suite. Une prestation faussement caricaturale qui renvoie au ton ironique du film par son jeu en retenu et sa spontanéité décalée, ce qui donne un peu ce côté anglais, à travers ce registre que l'on peu trouver tout droit venu d'Agatha Christie. Une performance intelligente et une prouesse comique remarquable de la part de Ralph Fiennes, ici à la tête de seconds rôles également bien barrés. Mention spéciale à Edward Norton, Adrien Brody et Mathieu Amalric.
Un vrai film au charme ravageur et truculent. Nouvel réussite du cinéaste Wes Anderson qui ne démérite pas l'Ours d'Argent reçu au Festival de Berlin pour cette comédie dramatique.

Note: 4/5

Un Été à Osage County, -> "Sweet Home Oklahoma"

La nouvelle co-production George Clooney-Grant Heslov se porte sur l'adaptation de la pièce de théâtre multi-récompensée (notamment aux Tony Awards) de Tracy Letts, qui signe même le scénario du film. Porté par la participation des Frères Weinstein à l'élaboration du projet, un casting all-star à été réuni pour le coup. Aux commendes de tout ce beau monde, on retrouve John Wells, le réalisateur de The Company Men. Calibré pour les Oscars, Un Été à Osage County n'a pourtant remporté que 2 nominations (pour ses actrices). À juste titre? Mmmoui, car dans l'ensemble Un Été à Osage County n'a rien d'exceptionnel. Le seul point qui vaudrait au film de sortir du lot est effectivement ses deux actrices. perçu comme un grand fac-à-face entre deux des actrices les plus emblématiques du cinéma, l'adaptation de la pièce de Letts était quand même attendu au tournant par l'ensemble de la planète cinéphile...

Le scénario raconte l'histoire de trois soeurs, de retour dans leur maison natal en Oklahoma, pour l'enterrement de leur père. C'est le mois d'Août et la chaleur environnante ne va pas tarder à réchauffer le sang des membres de la famille. Chacune débarque avec sa famille, son couple et également ses emmerdes à confronter à de vieilles rancunes qui refont surface  lorsqu'elles sont assisses face à leur vieille mère malade. Osage County est clairement 120 minutes de "En famille, on se soutient, on se déteste". D'ailleurs ça aurait été la tagline parfaite. Une famille réunie dans le deuil qui au lieu de s'entraider va tenir à régler ses comptes. Combats de coqs et crêpage de chignons en vue, donc. Le problème, c'est que les personnages ont beau être attachants (plus ou moins), ils restent un peu surfaits -dans l'écriture comme dans l'interprétation- acteur en service minimum pour des rôles parfois au bord de la caricature. Cela n'empêche pas au film d'être prenant par moments. Quelques scènes provoque un certain impact sur le spectateur, surtout par les virage à 90° degrés que prend l'ambiance des scènes de groupe. Toutefois, on est quand même loin de Vinterberg. De plus, cette comparaison n'a pas de sens. Reste, simplement, à démontrer que le film s'est aventurer sur un terrain qui ne peut qu'être glissant. Cette vacillation constante entre les relations des personnages cherche un peu trop à se vouloir comme des séquences d'anthologie. On aurait aimé que l'équipe du film creuse les rapports que certains personnage ont avec leur superficialité sur le vieillissement... D'autres piste comme ça se révèlent inexploitées, alors qu'elle avaient un gros potentiel de richesse des personnages et de la trame. Plusieurs éléments auraient du être plus s'émanciper de la pièce d'origine lors de la transcription vers le grand écran, car plusieurs séquences sont un peu monotones.
Reste quand même avant tout le point fort du cinéaste qui a su superbement filmer les campagnes désertes de l'Oklahoma. Pour revenir aux jeu des acteurs, reste à dire, que seul  Ewan McGregor se démarque le mieux des actrices principales. Il insuffle la dose correct de pathétisme de respectabilité à son personnage. Quant à la composition de Meryl Streep, son défaut résulte dans la manière dont elle a appréhendé le rôle. Outre le fait que sa prestation reste convenable, son incarnation de la matriarche est un peu inégale, car trop calculé, trop académique pour rendre toute la dimension excentrique de son personnage. En revanche, c'est tout le contraire de Julia Roberts, resplendissante avec une approche plus spontanée de son protagoniste de mère quarantenaire dépressive. Une vraie performance à laquelle l'actrice ne nous avait plus habitué depuis longtemps. Splendide et "nature" (dans tout les sens du termes), elle remporte au la main ce duel avec sa co-star, si ce dernier a bien lieu. À se demander même pourquoi elle n'est pas nominé dans la même catégorie que Streep, Bullock et Blanchett aux Oscars.
Au final, grosse production pour petit film, méritant de ses quelques nominations. Malgré quelques prétentions, une comédie dramatique appréciable à sa juste valeur comme l'a fait l'Académie des Oscars.

Note: 3/5


Oscar 2014: Les Grands Oubliés

Comme chaque année, les Oscars ne font pas que des heureux. La contrainte de nommer que 5 personnes pour chaque catégorie, afin que l'académie puisse trancher plus facilement, conduit forcément à des grands oublier aux yeux de tous.
Voici un récapitulatif (subjectif) de ce qui manqueront à la cérémonie du 2 mars prochain

Meilleur Acteur                                                        Meilleur Film
-Tom Hanks, Capitaine Phillips                                 -Inside Llewyn Davis
-Oscar Isaac, Inside Llewyn Davis                            -Prisoners
-Idris Elba, Mandela: A Long Walk to Freedom        -Blue Jasmine
-Joaquin Phoenix, Her                                              -Les Brasiers de la Colère

Meilleure Actrice                                                     Meilleur Scénario Original
-Emma Thompson, Dans l'Ombre de Mary              -J.C. Chandor, All Is Lost
-Amanda Seyfried, Lovelace                                    -Joel et Ethan Coen, Inside Llewyn Davis
-Kate Winslet, Last Days Of Summer

Meilleure Actrice dans un Second Rôle                Meilleure Adaptation
-Carey Mulligan, Inside Llewyn Davis                       -Aaron Guzikowski, Prisoners 
-Rooney Mara, Her                                                   -Sofia Coppola, The Bling Ring
-Julia Louis Dreyfus, All About Albert
-Jackie Weaver, Parkland

Meilleur Acteur dans un Second Rôle                   Meilleure Photographie
-Steve Coogan, Philomena                                       -Anthony Dod Mantle, Rush
-Woody Harrelson, Les Brasiers de la Colère           -Hoyte Van Hoytema, Her
-James Gandolfini, All About Albert                          -Sean Bobbitt, 12 Years a Slave
-Daniel Brühl, Rush                                                   -Darius Khondji,The Immigrant
-Paul Giamatti, Parkland

Meilleur Réalisateur                                               Meilleure Musique                   
-Ryan Coogler, Fruitvale Station                              -Hans Zimmer, 12 Years a Slave
-James Gray, The Immigrant                                   -Alex Ebert, All Is Lost
-Woody Allen, Blue Jasmine
-Joel et Ethan Coen, Inside Llewyn Davis
-Scott Cooper, Les Brasiers de la Colère


Meilleure Chanson                                                 Meilleur Film d'Animation
-Lana Del Rey, Gatsby Le Magnifique                     -Monstres Academy
-T-Bone Burnett, Inside Llewyn Davis                     -Le Congrès
-José González, La Vie Rêvée de Walter Mitty


Meilleur Film Étranger                                           Meilleurs Effets Spéciaux Visuels
-Le Passé                                                                -Pacific Rim
-A Touch of Sin                                                        -Elysium
-The Grandmaster



-Également, un temps, annoncé comme de sérieux candidats, puis au final absents de la cérémonie:

Lee Daniels et Forest Whitaker étaient pressentis pour rafler plusieurs nominations, avec Le Majordome. Une presse quasi-unanime, et le promoteur d'avoir arracher des larmes au Président Obama laissaient supposer que cette fresque historique, signée par le cinéaste de Paperboy, allait être un sérieux concurrents dans la course aux statuettes. On voyait même en Daniels un digne successeur de Spike Lee, un parrain d'une "blackrévolution" artistique à Hollywood. Il faut croire que l'académisme (un peu redondant), dont fait preuve le film, n'a pas séduit l'Académie. Le Majordome repart bredouille. À juste titre? Le Cinéma américain est l'un des seules à ne pas se renfermer sur des formes d'arts et d'essaies classiques. Un peu trop mélo, le film de Lee Daniels doit s'incliner devant une autre renaissance de cinéma blackpower: 12 Years a Slave et Steve McQueen ont su apporter plus de fraîcheur à leur long-métrage porte-parole du devoir de mémoire américain.
L'un des hits de cet automne, décrété comme le meilleur polar de l'année, Prisoners ne décroche qu'une seule nomination, celle de la direction photo. Longtemps perçus comme des incontournables de la compétition, Hugh Jackman (pressenti pour la catégorie Meilleur Acteur), Jake Gyllenhaal (en tant que Meilleur Acteur dans un second Rôle) et le réalisateur Denis Villeneuve demeurent absents.

Inside Llewyn Davis figure comme le plus grand incompris de l'année. L'odyssée folk de Oscar Issac méritait bien plus que deux nominations techniques (Meilleure Photo et Meilleur Mixage Sonore).

Ils sont plusieurs à être complètement passés à la trappe: Du Sang et des Larmes de Peter Berg, que tout le monde prévoyait comme un candidat considérable, finit sur la touche (à l'exception de deux nominations techniques), juste à côté du Majordome, plutôt prévisible en fin de compte, non?
Même sort pour Rush et OldBoy... Le premier a beau réuni les noms de figures courantes de la soirée des Oscars (Ron Howard, Peter Morgan, Hans Zimmer), le casting ne sera que éventuellement présent pour remettre une éventuelle récompense. Le deuxième était attendu au tournant. Aux manœuvres du remake d'un film coréen culte et adulé par la presse US, Spike Lee semble s'être planté avec son dernier film.
Avec un sujet qui aurait dû le propulser parmi les favoris, le résultat final de Parkland ne s'est pas montré à la hauteur de participer à l'évènement, exception faite pour deux de ses comédiens.
Les Brasiers de la Colère est celui qui manquera le plus à l'appel (et aux coeur des participants).
Évoqué en tant qu'outsider, La Vie Rêvée de Walter Mitty n'est finalement pas rentré aux courses pour les Oscars.

Une première depuis longtemps, les Frères Weinstein n'ont pu placer aucun de leurs poulains pour la consécration ultime. Réputés pour leur flair en matière de trouver la perle cinématographique et enjôleuse, Harvey et Robert ne seront en lice que par l'intermédiaire de leur actrices (Meryl Streep et Julia Roberts, nominées pour Un Été à Osage County) et par... U2 (nominés pour l'Oscar de la Meilleure Chanson, pour leur travail sur Mandela: Un Long Chemin vers la Liberté).

mercredi 26 février 2014

Le huis-clos acerbe et contemporain, la nouvelle (potentielle) valeur sure de la comédie du Cinéma français

Des éléments simples: un titre court, un casting réduit simplement aux (seuls) rôles principaux, un endroit fixe, renfermé... très renfermé. Ça ressemble à du théâtre, mais, en réalité, ça n'en porte que l'influence. Car cette recette "miracle" serait, à en croire la tendance actuelle des studios français, la pépite de la comédie sur grand écran, en France. Pourtant l'adaptation de pièces comiques ne date pas d'hier. De même pour le huis-clos, qui est pratiquement un genre cinématographique à part entière. Ce serait plutôt la confrontation des deux qui résulte en tant que "trouvaille" en matière de cinéma comique.
Retour sur un "tube" du grand écran de ses deux dernières années.

Fin 2011, Saïd Ben Saïd présentait dans les cinémas de l'Hexagone, Carnage, Le dernier film de Roman Polanski, directement adapté de la pièce de Yasmina Reza, Le Dieu du Carnage. Le succès critique et publique, aussi bien en librairie que sur les planches, de l'oeuvre originale ne semblait pas échapper aux sirènes du 7ème Art. Le cinéaste attaché au projet semblait tout trouvé, afin de rester fidèle à la dimension acerbe et vicieuse de la pièce de Reza. Polanski n'avait presque plus rem à prouver dans ce domaine, aussi un casting 4 étoiles s'était ajouté à l'aventure: Jodie Foster, Kate Winslet, John C. Reilly et Christoph Waltz.
Toutefois, Carnage n'a su n'y trouver, n'y convaincre son public. Pourtant fidèle à la pièce (peut être trop à l'écriture, à l'instar de s'émanciper de la pièce pour délivrer un véritable objet de cinéma), le film de Polanski passera presque à la trappe. Cependant, Carnage semblait avoir lancer une mode sur les cinéma français. Courant 2012, sort sur les écrans Le Prénom, une nouvelle adaptation d'une pièce comique française. Cette fois, le projet est concrétiser par la même équipe que celle responsable du succès sur les planches. Seul Charles Berling remplaçait un des comédiens. L'oeuvre Mathieu Delaporte et Alexandre de la Patellière a conquis plus de 3 millions de spectateurs, qui se sont déplacés jusque dans leurs cinéma pour voir la transposition de la pièce sur pellicule (enfin plutôt sur format
numérique). En moyenne, la Presse suit l'adhésion du public pour le film. Le Prénom devient un sérieux candidats pour les Césars, l'année suivante. Et pourtant, Le Prénom semble être le descendant direct que Carnage, mêmes influences, mêmes thématiques, mêmes parcours d'adaptation... La seule explication au succès, en France, du film plus récent par rapport à l'autre semblerait être que le public s'est mieux identifié aux personnages du Prénom que de Carnage (plus proches de la caricature de bobos new-yorkais). Il faut quand même préciser que sans l'adaptation de la pièce de Reza, la genèse cinématographique de l'oeuvre de Delaporte et de la Patellière n'aurait pas existé. 

Qu'est ce qui a fait le succès si singulier du Prénom? Et bien, tout est dans le titre ou pas... En réalité, il s'agit presque d'un pied de nez, tellement le titre est peu évocateur de l'ampleur de la pièce. Le prénom en question renvoie à l'éternelle question d'un couple en quête d'un mot à raccrocher au patronyme de leur futur nouveau né. Un prétexte (un peu caricatural) de la haute-société, un peu guindée, pour une prise de tête. Sauf que là, il s'agit bien d'un prétexte pour faire ressurgir de vieilles rancunes, des crises d'égo, de la mégalomanie, des coups bas et une guerre des sexes... Pendant près d'une heure et demie, on assiste à un feux d'artifice de pathétisme et de futilité. Ce n'est quand même pas ça qui fait vraiment le charme du film/pièce de théâtre? Eh ben si. Pourquoi? parce qu'ici le spectateurs se reconnait et se prêtent au jeu de ces personnages tellement pervers, tellement puérils, tellement auto-destructeurs, tellement... humains. Une mise en abîmes des codes sociaux passé au vitriole, voilà le succès charmeur et particulier de l'oeuvre. Un charme pourtant qui ne nie pas son inspiration par la plume de Yasmina Reza.

Seulement voilà, alors que le carton d'Intouchables semblait avoir tracé une voie à toutes les histoires à fortes dimensions humaines sur la tolérance et bien plus encore, pour le cinéma, les studios ont vu en cette forme de comédie acide et renfermé une infinie déclinaison de production d'aimant à succès en salle et de rentabilité aux box-office.
Par conséquent, voilà le thème du huis-clos dans un décors bien contemporain, des personnages des deux genres et des disputes sujettes à remettre en cause les valeurs et les codes de notre société.
Début 2014, sortait en salles Le Jeu de la Vérité, film avec lequel Europa ne dissimulait pas sa motivation de répéter la même success story que celle de Pathé avec Le Prénom - pièce de théâtre, transposé au cinéma avec la même équipe (tiens donc?)- les mêmes décors et thématiques étaient abordées, seul le pitch différait un peu. Une semaine avant ça, Divin Enfant (sorte de remake d'un film suédois par Olivier Doran) était déjà à l'affiche. Même si celui-ci sortait un peu du cadre du huis-clos et ne prétendait pas à une relecture acide des codes de la vie quotidienne, Divin Enfant avait quand même pour sujet crêpage de chignons de vieilles amitiés, rancunes tenaces et ambiance d'infidélité planante sur chacun des personnages.
Voilà maintenant que sort, pour le 30 avril, Barbecue de Éric Lavaine. Sur le papier, Barbecue n'avait pas forcément quelque chose en rapport avec cette tendance des studios français. À l'exception qu'un premier teaser mette en avant des attraits similaires aux charmes du Prénom: Un lieu clos (cette propriété grand luxe), des personnages réunis pour une occasion et des personnalités un peu bobos, un peu caricaturales, vantardes et matérialiste, et Guillaume De Tonquédec, jusqu'à ce qu'une première amorce vers la dispute sujette aux malaises des "règles" préconçues du couple en ménage ne se pointe... Le film peut très bien s'émanciper de ce qui a été vu précédemment, n'empêche que le premier argument vendeur (qu'est ce teaser) s'étale un peu sur la renommée du film Le Prénom
->Teaser de Barbecue

Pour le moment, le public semble raffoler de ces resucées, mais on a déjà vu plusieurs fois q'une perle ne peut pas être éternellement recyclée.
Le Cinéma français va surement finir par encore baisser dans l'estime de ses spectateurs (dont les reproches qui lui sont faits sont trop souvent infondés et inexacts) sur ce point. Rapidement cette mode actuel va être assimiler à une idée reçues quant à la façon que hollywood a de renouveler (plus ou moins bien) ses succès générationnels...
Tout ça pour dire qu'avec ces énièmes relectures de ce style, le Cinéma français risque de se tirer une balle dans le pied, et d'être sous-estimer de ses réelles qualités par ses consommateurs. 

lundi 24 février 2014

Pompéi, -> "Péplum Catastroph(ique)"

Faire de ce film une nouvelle tendance à Hollywood: Combiner deux genres cinématographiques à succès en un film. L'un un peu dépasser, qui tente de revenir au goût du jour (le péplum). L'autre une fausse valeur sûre du box-office (le film catastrophe). L'opportunité de regrouper ces deux genres, ainsi que d'y employer des effets spéciaux badass, a été trouvé dans le cadre de la ville de Pompéi et l'éruption du Vésuve, en 79 a.p J-C. Aux manoeuvres de ce boulet, le (piètre) réalisateur du premier et des deux derniers volets de la saga Resident Evil sur grand écran, et du scandaleux Alien v.s Predator. Un mastodonte dans la catégorie de tout ce qui se fait de plus superficiel et demeuré au cinéma. L'un des premiers navets de 2014, qui semble rester bien fidèle à la filmographie de son réalisateur.

Impersonnel et sabré, Pompéi ne captivera personne avec son scénar plus que frugal. On n'aurait pu penser que cette écriture simpliste aurait été au détriment de l'esthétique ou des séquences d'action du film. Toutefois, une écriture simpliste ne donne pas un scénario bâclée. De plus, au vu de ce qu'est le rendu visuel du film... Montage immonde, reconstitution en images de synthèse bien laides, chorégraphie des bastons trop lourde. Rien pour combler les lacunes de la faible portée de l'histoire. Stéréotypes narratifs sur narratifs, voilà ce qu'est l'histoire de Pompéi. Caler une romance (risible) en mode "Roméo & Juliette" entre un gladiateur et une fille de la haute, par dessus de la testostérone surgonflée. Primer la plastie des acteurs à leur jeu est également une mauvaise pente dans laquelle le film s'engage sans scrupules. Sur tous les points, ce film ne peut pas cacher sa superficialité et sa banalité. La première demi-heure est déjà assez largement calquée sur Gladiator (le héros devenu gladiateur, animé par la vengeance, surnommé par son origine ethnique -"le celte"- et tout le tintouin...). Le film ne peut se vanter que sur un point: ses effets spéciaux pour l'éruption volcanique, le reste est bien moche.
Le réalisateur a cherché à exploiter plusieurs pistes qui aurait pu être intéressantes (comme montrer la ville de Pompéi comme une Vegas de la Rome antique). De bonnes initiatives prises mais qui, au final, subissent un traitement plus qu'approximatif, tout reste superflu et approximatif. Une seule chose est super bien entretenu tout le long du film, c'est la mièvrerie et la ringuardise des scènes. Un scénario qui tombe dans tous les pièges de la caricature et des stéréotypes. En gros, rien n'est récupérable. Largement passable, Pompéi risque de devenir le nouveaux blockbuster a mettre dans la dèche les studios, actuellement, il est bien loin d'embaucher l'équivalent de son budget. 
Rien ici ne peut nous réconcilier avec le travail du réalisateur Paul W.S Anderson. Moins excessif dans la violence que sur les derniers Resident Evil, mais l'ensemble du film est plutôt consternant que convaincant...

Note: 0,5/5

vendredi 21 février 2014

Homeland, 3 premières saisons -> "Oh Say, Can You See By The Dawn's Early Light..."

En 2011, la chaîne US Showtime sortait du lot avec une série évènement: l'adaptation de la série Hatufim par Alex Gansa et Howard Gordon. Des audiences fracassantes pour un sujet brûlant, Homeland s'est imposé, en trois ans comme un programme phare du câble. Come-back d'acteurs, écriture de scénario aux allures turner page, Homeland a séduit et rendu addict des millions de téléspectateurs. Une retranscription et une contextualisation parfaite de la série originale israélienne. Nouveau point de vue, passage du drame au thriller pur et dur, la recette de Homeland captive grâce son intrigue géopolitique. Avant 2011, Showtime était connu pour les séries comme Dexter et Californication. Avec Homeland, Showtime était propulsé au même rang des chaines comme AMC, voire même HBO. Suspense et rebondissements on fait de la série cette plongée en pané qui attend le spectateur à chaque épisode. Brillant et aussi subtilement qu'intelligemment développée, Homeland aura marqué la télévision avec ces trois première saisons.

Le générique d'ouverture de la série présente déjà l'ambiance. Un thème musical bien jazz (variété emblématique de la culture américaine) sur lequel s'entrecoupent flash infos, communiqués de la Maison-Blanche, photos de familles, extraits des épisodes, images fantasques et concert de Louis Armstrong. Des images d'archives et des discours des différents présidents se succèdent. 30 ans de vie de l'héroïne et d'histoire du conflit au Moyen-Orient revisité côte-à-côte. Immédiatement, la confusion, le doute et enfin, le sentiment de menace plane alors devant chaque poste de télévision. Homeland se déroule dans une période bien contemporaine: L'aube des années 2010 et sa paranoïa post-11 septembre poussé à son paroxysme. La CIA traque un ersatz de Ben Laden (l'ennemi se prénomme Abu Nazir, dans la série). Un Marine est retrouvé vivant, après 8 ans de captivité, en Irak. Accueilli en héros par son pays natal, le sergent le membre du Corps des Marines est soupçonné d'être un agent retourné par une analyste de la CIA...
Tout est brillamment écrit dans Homeland. Plusieurs pistes sont amorcées grâce à des personnages très biens construits. Plusieurs fils conducteurs entrent en jeu pour des épisodes denses mais complets. Entre la mission de Langley d'anticiper une prochaine attaque sur le sol américain et l'enquête de l'analyste Mathinson sur le vétéran Brody, Homeland tisse une véritable intrigue. Un élément a fait la renommée de la série: Le suspense. Constamment sous tension, Homeland a redéfini le terme "haletant". Des rebondissements et des cliffhangers toujours subtilement écris, Homeland bénéficie des qualités des séries cultes précédentes écrites et produites par les créateurs. Même dynamique que 24 Heures Chrono, même angoisse perpétuel que X-Files.
L'intrigue de Homeland se développe très minutieusement et intelligemment, par l'intermédiaire de la richesse des personnages. Le face-à-face entre l'analyste et l'éventuel pion d'Al Quaïda qui s'intensifie beaucoup plus que sur le papier. Carrie Mathinson, l'analyste jouée par Claire Danes, est un personnage extrêmement riche. C'est d'abord cette femme brillante et patriotique (aucune connotation manichéenne), d'où son ardeur dans son travaille. Mais c'est aussi le reflet de cette paranoïa ambiante, des fantômes et séquelles morales et psychologiques laissés par la plus grosse attaque sur le sol américain.
Carrie est également bipolaire. Pour le quotidien du marine Brody (Damian Lewis), tout sonne juste. L'activité de présumé terroriste n'est forcément pas compatible avec la vie de famille. Un élément de la série qui aurait pu être destiné un pathos exécrable et donner un aspect "soap" à l'ensemble des saisons. Mais le must, reste le fait que ses deux "adversaires" vont s'éprendre l'un de l'autre, (si, si). L'une des prouesses de Homeland, est également de réussir à rendre crédible touts ses éléments narratifs rocambolesques cohérents et prenants. L'incompatibilité de cette idylle, du côté psychotique de Carrie avec son emploi à Langley, des activités de Brody... Les personnages n'arrêtent pas de se tirer une balle dans le pied, ce qui nourri intrigue et suspense. Bref, une enquête dans l'enquête. La mission de Carrie dans la traque du leader d'Al Quaïda. Déjouer les stratagèmes ennemis, programmer des forces de frappes, tout est là en arrière fond pour renforcer la trame. Attentats et assassinats, mission sur le terrain ou en coulisses sont également au programme. Tout ressemble à une partie d'échec dévastatrice, où le bilan humain est lourd à chaque manche. 
L'évolution du personnage de Brody aurait pu faire à lui tout seul de la série le show-évènement. Il incarne à lui tout seul le reflet de la psychose des États-Unis quant au poids d'une attaque terroriste. Un rôle sublimer par l'interprétation magistrale de Damian Lewis, qui parvient à retranscrire tout la complexité du personnage, un homme brisé, aux émotions spécieuses, avec la pressions de ses fantômes, et toujours cette même question à propos de ses véritables intentions. Au fur et à mesure des épisodes, les créateurs creusent la psychologie de leurs personnages et finissent par confronter les États-Unis à leur propre Histoire. La confrontation entre les deux personne de ce tandem est très intéressante (la composition de Claire Danes pour son personnage, est tout aussi engagé qu'incroyable), elle donne tout l'ampleur de la série. Son intrigue, son suspense, son regard géopolitique sur les deux antipodes ont un rapport avec ce tandem. Cette focalisation est un peu un passage à la loupe du syndrome paranoïaque et maladif de l'Amérique sur son statut de "gendarme du Monde". 
Homeland bénéficie aussi d'un super impact visuel, des images fortes qui imprègnent la rétine, par leur violences et leur dimensions symboliques, reliés à la composition du drapeau américain. 

Surprendre le public là où il ne s'y attends pas, adopter un regard un peu critique à l'égard du dernier quart de siècle, Homeland a pratiquement développé un style de narration singulier. Osé et haletant, aucune position relax n'est possible à chaque visionnage de ses épisodes.

Note: 4,5/5


-Que sera le futur de Homeland ?
ATTENTION: SPOILERS

Autant le dire tout de suite, la fin de la saison 3 a mis tout le monde sur le cul...
Tout s'apparentait à une fin de série. Et pourtant, comme à son habitude, Homeland redémarrera pour une quatrième saison, à l'automne. Un feu vert de la part de la chaîne Showtime, qui pour le moins est surprenant. Une saison 4 attendu donc, au tournant. Plusieurs challenges sont attendus, puisque' en exécutant le personnage de Brody, en fin de saison dernière, la série perd SON attrait principal. En effet, le choix audacieux n'est pas vraiment d'avoir écrit le mort de ce personnage-phare, mais plutôt de templier pour une nouvelle saison derrière. En plus de Brody, se sont 4 autres personnages qui seront a priori éclipsé de Homeland: Dana, Mike, Jess et Chris, les proches de du défunt.
De plus la question en Iran semble être classé, depuis l'opération de l'acte final de la saison 3. Par conséquent, qu'est-ce qui pourrait motivé l'attente d'une quatrième saison.

Un retour de Brody? Certainement pas, cela risquerait de nuire au ton et la renommée de la série. On avait laisser Saul retraité, en Grèce, et Carrie, enceinte, mutée à Tel-Aviv...
La forme la plus probable serait de s'attendre à un gros "reset" de l'ensemble de la série, un peu à la manière d'American Horror Story. Nouveaux personnages et nouveaux lieux au programme. Carrie et Saul seraient donc toujours d'actualité. Peut être que la rivalité entre Saul et Lockhart sera remis en avant... David Nevins, patron de Showtime, a laissé entendre que Saul pourrait être le point central de cette remise à zéro.
Rien de bien concret pour le moment... 

jeudi 13 février 2014

M. Peabody et Sherman: Les Voyages dans le Temps ->"Time Invaders"

Première création de la branche animation des studios DreamWorks de l'année. En attendant Dragons 2, dont la sortie est prévue pour  2 juillet, et Home (romance présumée entre une adolescente humaine et un jeune extra-terrestre, en fuite aux 4 coins du monde), attendu pour le 10 décembre, les créateurs du carton Les Croods restaurent deux personnages d'une série animée américaine des années 60, inédites en France. À l'origine Mr Peabody et Sherman était des personnages du feuilleton Peabody's Improbable History diffusé à l'heure du The Rocky and Bullwinkle Show, un programme animé qui a regroupé, pendant 15 ans, les kids de l'âge des sixties devant leur poste de télévision. Vous avez surement déjà entendu parler de The Adventures of Rocky and Bullwinkle, TV-show phare de ce programme de ABC et NBC. Ces deux personnages avait déjà été adapté au cinéma en 2000, et constituait la plus belle casserole de la carrière de DeNiro (présent au casting). Bien loin d'être aussi catastrophique, le passage sur grand écran du chien savant Peabody et de Sherman s'en tire plutôt bien malgré quelques dérapages. Passé par un petit lifting à la 3D pour l'occasion, les deux personnages ont subi quelques changements qui diffèrent (pas forcément pour le mieux) avec l'esprit de la série originale. Aux manoeuvres de celons-métrage, on retrouve le réalisateur Rob Minkoff, qui avait fait des merveilles à l'époque du Roi Lion. Après un passage à la réalisation en live performances pendant près de 20 ans, Minkoff revient à l'animation pour le compte de DreamWorks.

Rien de bien novateur nous attends avec ce film. Cette adaptation risque même de perdre les spectateurs nostalgiques du show des années 60 qui possèdait son humour un peu mordant, transformé, 50 après, en recette mainstream, calculée pour la rentabilité aux box-office. Bien que le fameux "WAYBACK" (rebaptisé "Chronomat", en français)et les voyages dans le temps pour découvrir la vérité derrière les évènements historiques soit toujours d'actualité, la version cinéma a opéré certains changements un peu trop radicaux. À la base, Sherman est "l'humain de compagnie" de Peabody, que le chien reçoit en guise de cadeaux d'anniversaire... Évidemment, c'est l'attrait principal de la force caustique du comique de la série animée de départ. Ici, cet aspect de la version originale est changé en histoire d'adoption et de paternité... ce qui donne un résultat assez ringard. De plus, le scénario n'a pas lésiné sur le pathos: Sherman est un gosse abandonné dans un carton que Mr Peabody recueille auprès de lui. À ce stade de la projection, M. Peabody et Sherman ont déjà larguer une bonne partie de leur spectateurs. Première erreur de cette adaptation, cette amorce narrative que l'on qualifierait de presque anecdotique, au vue de son faible impact sur le déroulement du film. On peut s'estimer heureux que cette partie n'accapare pas trop le récit, mais alors, quel était l'intérêt d'amener un cliché pareil ici? Un choix de la production, visiblement, qui ne s'avère pas vraiment gagnant. Voici comment une simple blague ironique devient, en un demi-siècle plus tard, un prétexte à faire pleurer dans les chaumières. Ce voyage à travers l'histoire a son charme, mais le script a trop tendance a plombé le film, à trop souvent revenir sur ce mélo (niais) que prétend soulever les scénariste, autour de la relation "père-fils" entre les deux protagonistes. Ça devient vite lassant et rasoir (malgré le genre) sur la longueur, et pourtant, ça tient en deux ligne: ->
"Difficile pour un chien d'élever un humain" ... Sans déc'? Même si ça se veut innocent, c'est beaucoup trop impersonnel dans la forme pour être digne d'intérêt. 
Heureusement, le film à ce côté exploration des grands moments de l'Histoire, dont certains clins d'oeil sont assez savoureux. S'ajoutent à ça, plusieurs blagues visuelles bien senties, qui font sourire... la plupart du temps. Il faut reconnaître que, dans l'ensemble, un gags sur deux fait un peu un flop. Mais le décalage entre les différentes époques opère son piquant. Le film a moins la qualité d'être beau esthétiquement, et par ses espaces et décors avant tout. La 3D ne s'avère pas désagréable ou inutile. Au contraire, bien que loin d'être totalement immersif, les trouvailles sont plutôt efficaces. Toutefois, les séquences pour jongler entre les époques sont un peu faibles scénaristiquement. Il en va de même pour les rebondissements attendus, qui se dévoilent de façon linéaires. Entre aventure et initiation, l'écriture n'est pas toujours très palpitante. Parfois l'impression d'être plus près d'un jeux vidéo interactif sur CD-Rom que d'un film se fait sentir, à cause d'un arrière sentiment de monotonie. Mais rien de désagréable ne nous ferait vraiment regretter de passer ces 92 minutes en compagnie de ces deux héros. Et le détraquement de la continuité de l'espace
temporelle que tout le monde attend, vaut largement le coup d'oeil.

Quelques faiblesses mais un bon divertissement à la clef, à apprécier à sa juste valeur. La vraie tristesse est peut-être l'absence de Robert Downey Jr, un temps pressenti pour la voix de Peabody. Au final, l'acteur est quand même producteur du film, par l'intermédiaire de la boite de prod' de sa femme.  

Note: 3/5  

mercredi 12 février 2014

The Spoils of Babylon saison 1 ->"This Story is... An Epic One"

Funny or Die, le site d'hébergement de vidéos fondé par Will Ferrell et Adam McKay, s'est associé avec IFC, la chaîne américaine spécialisée dans la diffusion de projets indépendants, pour créer The Spoils of Babylon, une mini-série au contenu et format plutôt inédit. Soit une première (et unique) saison répartie sur 6 épisodes d'une vingtaine de minutes. Un très court format, donc, dans lequel s'enchaîne les apparitions d'acteurs célèbres. En plus de retrouver Tobey Maguire et Kristin Wiig dans les rôles principaux, Val Kilmer, Jessica Alba, Tim Robbins, Michael Sheen, Haley Joel Osment, Carey Mulligan (vocale) et Will Ferrell défilent à travers ces épisodes... totalement "mindfuck". En effet, sur ces 120 minutes, les créateurs développe un ton plus que libre, voire déjanté. Le scénario prétend raconter les aventures de la famille Morehouse, riche grâce à l'exploitation pétrolière... Du moins sur le papier! Car en réalité, The Spoils of Babylon est digne de son titre funeste, annonçant le déclin d'un empire. The Spoils of Babylon c'est une fresque historique qui dresse un portrait corrosif d'une grande partie du siècle dernier. De la grande dépression de 1929 au conflit en Iran, en passant par la guerre du Pacifique et la crise pétrolière, les créateurs Andrew Steele et Matt Piedmont réalise une satire édulcoré du capitalisme. Cepandant, cette série est bien plus que ça, c'est même un curieux objet de cinéma, très original dans sa construction et son découpage technique. Autant le dire tout de suite The Spoils of Babylon s'avère être déjà l'une des séries les plus particulières (et une des meilleures nouveautés) de l'année.
                                                       
Pitcher la série s'avère être compliqué... Le personnage principale la décru comme "épique"... Mais "déjantée" reste le terme le plus approprié. Même si le sujet qu'elle détient en ligne de mire en est assez explicite, son élaboration est nettement plus complexe. Dans un premier temps elle opère une mise en abîme du 7ème art, bien qu'elle soit une mini-série. En effet, le récit s'ouvre dans une salle de restaurant. Un homme seul, se déclare être l'auteur du roman dont la série est adapté. Car si l'on regarde plus attentivement le titre de la série, il s'agit de Eric Jonrosh's The Spoils of  Babylon. L'auteur, c'est Will Ferrell qui l'interprète (grimé, en vieux barbu obèse pour la peine), on s'attend à découvrir la flamme d'un écrivain, revenant sur la genèse de l'oeuvre d'une vie... mais pas du tout. On y découvre un vieux aigri et prétentieux, également producteur de cinéma déchu, ne tenant pas en haute estime les programmes de la télévision. Mais encore, ce n'est pas sur ce point que la série nous prend à contre-pied. On pouvait donc s'attendre à une histoire dans une histoire, en réalité le romancier n'existe même pas, ce n'est qu'un personnage du show. D'emblée, cette co-production revendique cette espèce de "twist-beginning", une fausse mise en abîme qui donne un avant-goût du ton un peu crâneur intellectuel, à prendre au second degré. Car la narration et la mise en scène sont tout aussi pédantes. La réalisation de cette série emprunte, à la limite du plagiat les formes archétypes des genres classiques du cinéma. Du mélodrame, bien sûr, mais aussi au film de guerre, de gangster, voire même certaines références littéraires. Tout ça pourrait paraître racoleur si l'utilisation de ces archétypes n'étaient pas, au final, détourné en dérision. Ces choix de mises en scènes, presque clichés, renforcent l'aspect pédant de la série. 
Prendre des personnages stéréotypés, abuser sur les slow motions et autres effets d'optiques insignifiants, faire surjouer ses acteurs, utiliser des répliques "tocs"... The Spoils of Babylon avait tout pour être nauséeux à cause de son académisme obsolète. C'était sans compter la patte Will Ferrell qui a su jouer de l'exagération et du burlesque pour déjouer les préjugés des spectateurs, attendus au tournant. Il prend ces clichés pour les mettre dans des situations inédites, qui renvoient à des clin d'oeil un peu discordant à certains genres. 
Le côté mélo prime un peu sur l'ensemble de la série. Rien que sur le poster, on peut pressentir la romance contrariée, façon Casablanca Autant en Emporte le Vent. À l'exception que celle ci est un peu glauque... car elle concerne le héros et sa soeur non-biologique. Une romance "consanguine-in law", donc. La tagline sur le poster annonçait "L'amour n'a aucune moral", okay, mais à ce point-là...  Ferrell sait être dérangeant, juste comme il faut. Bien que grotesque, cette fresque familiale contrariée donne de l'opacité à cette mini-série. Tout est caricatural et tout est détourné de façon ironique. De la séquence "vétéran" du héros et aux tournures que prend le relation entre les deux protagonistes principaux. Phases de querelles, de deuil, d'addiction tout et cliché et aussitôt détruit par l'humour des créateurs. Prenons par exemple la phase ou le personnage de Maguire entre dans une période de deuil et d'addiction à l'héroïne. Coup de blues, escapade et voix-off pessimiste, on est pas loin des écrits de Kerouac. Mais le traitement des scénaristes inflige déjà à cette séquence sa part de ridicule. Tout comme la séquence-phare du film de gangster où un homme se fait liquider dans un champs désert à côté d'une bagnole noire. Sauf que dans The Spoils of  Babylon, ce sont des militaires qui sont les assassins.
The Spoils of Babylon réussit la parfaite équation comique entre stéréotypes amplifiés, ce ton pédant simulé et ses apports déjantés, pour un résultat vraiment particulier. Il en va de même pour la réalisation qui semble se vouloir dantesque (et prétentieuse) mais qui en réalité fait des plan-séquences d'extérieur sur des maquettes (WTF?) entre plusieurs green screens bien flagrants, comme si le budget n'était pas à la hauteur de ce que voulait l'auteur (fictif) du livre. Que dire de plus sur les postiches grotesques des acteurs et les décors bien bricolés, parfois presque groovy. Plus que l'objet de sa satire, le vrai coup de maître de Funny or Die est surement d'avoir créer ici, une forme de comique singulière ou comment  intensifiant le ridicule d'une caricature en la complétant d'un évènement invraisemblable et démentiel. À l'arrivée, en résulte une saga familiale et historique qui feint en le côté nanar de la série où tout sonne (admirablement) faux.
Il faut également préciser que la direction des acteur a beaucoup participer à ce que cet humour ne se casse pas trop la gueule sur la longueur, tournée vers l'exagération, elle a oeuvrer à ce que ce beau bordel reste cohérent (malgré les apparences). On a souvent reproché à Maguire son jeu plat. En tout cas, c'est peut-être pour ça qu'ici il fait des merveilles. Haley Joel Osmont s'en sort également bien dans ce registre que l'on ne lui connaissait pas. Tim Robbins et Val Kilmer on réussit une interprétation subtilement grotesque, chacun à leur manière. Il en va de même pour Michael Sheen, que l'on regrette de voir si rare. Jessica Alba joue de son sex-appeal et Ferrell a toujours ce même ton insolent qui fait mouche. Mais celle qui sort du lot, c'est Kristin Wiig. Elle est, pour moi, la personne la plus drôle sur Terre.
Tiré par les cheveux ainsi que faussement old school et vaniteux, cette mini-série assume son engagement narratif jusqu'au bout et se révèle aussi hilarante que captivante. Un véritable ovni de la télévision que l'on attendait pas.

Note: 4/5

samedi 8 février 2014

RoboCop, -> "La Loi de Murphy"

Deuxième reboot de l'année. Après celui de Jack Ryan, le héros né de la plume de Tom Clancy, voici celui de l'officier de police Alex Murphy, aka RoboCop, personnage culte du réalisateur Paul Verhoeven. Sorti pour la première fois sur grand écran en 1987, le personnage a connu plusieurs sequels avant d'être décliné en plusieurs formats (mini-série, dessins animés et jeux vidéos). En 2014, le cyborg connaît une remise à jour et un nouveau visage. Peter Weller passe le flambeau à Joel Kinnaman (l'acteur de la version US de la série The Killing). Seules nouveautés? Non, car ce RoboCop est clairement un reboot et non pas un simple remake. Plusieurs enjeux attendait le réalisateur aux commandes de film. José Padilha (connu pour ses deux Troupes d'Élite, immersion dans une guerre entre les forces du BOPE et les trafiquants de drogue brésilens) pose clairement d'entrée de jeux qu'il ne marchera pas sur les pas du réalisateur de Total Recall et Basic Instinct. Cependant on se sent quand même en terrain familier, Les ED-209 et le reste de la technologie Omni Consumer Product, rebaptisé OmniCorp, sont encore présents, avec juste une touche de remodernisation. Par conséquent, quels enjeux attendaient Padilha aux manoeuvres de ce reboot face à la fanbase hardcore du personnage culte des eighties?

L'attrait principal de faire un remake du RoboCop de Verhoeven était de reconstituer l'intrigue dans une époque plus actuelle. Derrière le mythe qu'est devenu RoboCop, le film original dressait un portrait un peu cynique de l'Amérique "reaganienne". Une robotisation des comportements humains face à une avancée technologique, renforcement du budget militaire américain, ainsi que le projet de l'opération "Guerre des étoiles", à cette période de la Guerre Froide, était évoquée en toile de fond. Comment restituer cet aspect du film 27 ans plus tard? Padilha recontextualise son film dans le cadre géopolitique et social américain contemporain. Le rapport un peu maladif aux armes et l'ombre de la paranoïa post-11 septembre américains planent sur ce film. Ainsi la toute première séquence RoboCop (version 2014) s'ouvre sur le conflit au Moyen-Orient. Rapidement, un personnage renforce cette exégèse, celui de Samuel L. Jackson. Présentateur d'une sorte de "talk-show" focaliser sur la promotion des armes robotiques de défense, ses propos sont à peu dès l'équivalant de ceux de la NRA du futur. À part ça, le même dilemme moral de "l'homme-machine" du film original, est plutôt bien rendu. Il y a bien cette même correspondance entre le recours constant à la violence, cette addiction perpétuelle aux armes et cette crainte perpétuelle pour sa sécurité, dont est nourri le produit RoboCop, homme juste devenu machine strict et implacable, reflet de la déshumanisation des réformes quant à l'utilisation d'instruments de mort de radical.

Robocop "new generation" a su intelligemment et distinctement se démarquer du fond et de la forme du scénario du film de Verhoeven dans sa forme. Si le côté pamphlet du film de 1987 est dans l'ensemble bien réactualisé, les trouvailles pour les éléments narratifs du reboot sont assez inventifs. Les personnages-clef et les rebondissement de l'intrigue originale diffèrent pour le mieux. Toutefois, Padilha n'est pas aussi audacieux que Verhoeven... Même si les thèmes évoqués ci-dessus sont abordés dans le reboot, la satire est loin d'être à la hauteur de celle du réalisateur néerlandais. José Padhila vise plutôt le blockbuster lambda, RoboCop devient trop vite le héros lambda et le dénouement est beaucoup moins inédit que ce qui faisait le charme du film en première partie. Avec ces facilités, le cinéaste brésilien se tire une balle dans le pied car il affaibli la portée de ces personnage. Prenons l'exemple de celui de Michael Keaton (il détient le rôle du directeur général de OmniCorp). L'acteur revient au top avec cette prestation de boss capitaliste et visionnaire un peu perfide. Une performance que le réalisateur étouffe vite, en réduisant le rôle au simple rang de bad-guy stéréotypé, aussi digne que le final... faible. Bref, donner une vie de famille à Murphy n'était pas une bonne idée si elle servait uniquement à jouer sur une stratégie commerciale. Le rôle de Oldman souffre un peu du même syndrôme. Il incarne le scientifique qui élabore la transformation de Murphy. Au départ, c'est un docteur philanthrope. Petit à petit, ses superviseurs (dont Keaton) vont le pervertir, l'amener dans la part d'ombre de créateur cybernétique. Sur le papier, ça pouvait donner un personnage complexe. Mais à l'écran Oldman fini par être "obligé" de rejouer le gentil commissaire Gordon avant le clap final. En clair, trop de formules archétypales narratives finissent par plomber la portée du film.
Seul le personnage de Samuel L. Jackson sauve la donne. Il est la parfaite réverbération d'une Amérique conservatrice et militariste. À lui seul, il incarne un véritable paradoxe d'un film de science-fiction comme celui-là. Soit, une époque future imprégnée d'une idéologie archaïque. Un vrai parti pris gagnant pour ce reboot. 

En somme, rien d'imbuvable n'est proposé ici, à l'écran. Loin d'être contournable, la version de Padilha ne ferait pas honte à tout ce qu'incarnait le mythe RoboCop. Une remise à jour plutôt  et une customisation de l'univers réussies. La satire culte de la première version n'a pas reçu une seule égratignure, et continue à faire écho dans notre époque contemporaine.
Ce qui peut toutefois signifier qu'en un quart de siècle, le Progrès n'a été que technique et matérielle, certainement pas humain...

Note: 3,5/5