mardi 15 avril 2014

Only Lovers Left Alive, ->"Vamp Ailleurs"

Poésie punk et spleen romantique sont au programme du dernier film en date du réalisateur Jim Jarmusch qui s'est un planté au box-office un peu partout dans le monde. Présenté en compétition au dernier Festival de Cannes, Only Lovers Left Alive est sorti tardivement en salle dans l'indifférence totale. Cinéaste underground new-yorkais originaire de l'Ohio, le travaille de Jarmusch est pratiquement composé de films devenu cultes au fil des années après des sorties fantomatiques. C'est à lui qu'on doit Ghost Dog, Broken Flowers, Down By Law et Dead Man. Cinéaste underground, on disait (voire même hipster), Jim Jarmusch a bâti sa carrière sur des choix et des motivations hétéroclites.Le budget de son tout premier film avait directement trouvé sa source dans la bourse d'études du réalisateur lorsqu'il était à la faculté de Cinéma de New-York. Bref, Only Lovers Left Alive est l'une des dernières victime la loi sans pitié du public, qui a complètement fait l'impasse sur ce film. Ce qui est vraiment dommage puisque, après toutes les relectures à l'eau de rose du genres, Jim Jarmush nous offrait un VRAI film de vampire, avec leur mal d'être quant à leur immortalité et leur tendance anthropophage. D'une  grande beauté esthétique et visuel, ce film dresse le portrait d'un couple de vampires en voie de disparition au 21ème siècle. Tout sonne à la fois drôle, décalé et dramatique. Une superbe composition de la part du réalisateur qui dresse également son amour pour les arts, de la musique à la littérature sur près de quatre siècles. Dans un rôle, dont le cinéaste affirme avoir écrit pour elle, Tilda Swinton donne la réplique à Tom Hiddleston, Anton Yelchin, Mia Wasikowska et John Hurt. Figurent également au casting Jeffrey Wright et Slimane Dazi.

À la fois poétique, onirique, glam, sombre et décalé, Only Lovers Left Alive s'inscris pleinement dans la filmographie de son réalisateur, ainsi que dans sa galerie de personnages: Blazés, stoïques, presque macabres. Les deux protagonistes vampires, Adam et Eve (oui c'est vrai, que Jarmusch aurait pu être plus inspiré pour leur prénoms), sont surement aussi vieux que le monde. Au XXIème siècle, ils sont un peu lessivés de l'existence qu'ils ont mené qui a toujours été imprégnée des arts au fil des siècles passées. Ayant côtoyé de grand noms, l'appartement d'Adam est rempli d'affaires que l'on aurait pu croire dans un musée, mais qu'ils ne sont en réalité que des souvenirs. Passionné de musique (rock et classique), ainsi que de littérature et de poésie, Adam ne vit plus que pour l'art qui a marqué ces deux millénaires d'existence. Se terrant dans son appartement aux allures de grotte, ne sortant que rarement et uniquement la nuit (évidemment), Adam méprise la présence des humains, rebaptisés "zombies" pour l'occasion, dont la conduite l'exaspère au plus haut point. Il tolère seulement la compagnie de Ian (Anton Yelchin, qui côtoie pour la deuxième fois avec des vampires après le remake Fright Night), avec qu'il partage la passion des instruments et de la musique rock, et qui lui dégote deux-trois trucs de temps à autres. Cloitré dans sa déprime, Adam reçoit la visite de son amour de toujours, Eve. Des millénaires d'existence vécus côte-à-côte et pourtant, à chaque retrouvailles, c'est une idylle qui redémarre. Eve va alors partager la vie éphémère que mène Adam...
Une fresque poétique, voilà comment on pourrait résumer l'atmosphère onirique du film. Un revival de l'histoire de l'art et de la musique aux côtés de ses vampires aux look définitivement grunge, avec leur crinières aux cheveux gras, leur fringues  et lunettes de soleil vintage. Adam est compositeur, et sa carrière est certainement aussi longue que sa vie puisque, en plus d'être un artiste rock, il a signé des compositions pour des musiciens du XVIIème siècle. Il en va de même pour son entourage, puisqu'en réalité John Hurt donne corps au tragédien Christopher Marlowe, soutenant la théorie quant à l'existence du nègre de Shakespeare. Le film joue sur plusieurs références et décalage des époques de ce style. Une vision toute particulière du cinéaste, dans laquelle on reconnait son propre amour pour l'art et la musique. Voilà donc l'image que Jim Jarmusch se fait des vampires: des êtres aussi mythiques que rock'n roll avec une mentalité rétro, mal de vie pour passer le XXIème siècle. Car oui, difficile de s'abreuver pour un vampire, de traquer ses proies, commettre des meurtre de nos jours. Allant puiser dans des réserves de poches pour transfusion, les protagonistes nocturnes luttent contre chaque jour (enfin, nuit) à jeun... Pleine de contraintes surgissent alors pour ces personnages pour perdurer au second millénaire, ce qui explique la voie d'extinction de l'espèce. Ancrés vers le passé, ses personnages, de plus en plus livides, déambulent dans une ville tout aussi funeste et mourante. Ancien paradis industriel, Detroit fait ici office de théâtre de ces évènements, tout en se distinguant comme un personnage à part entière. Le cinéaste dresse un tendre portrait de cette ville au passé et au sort du destin si singulier, que Jarmusch ne manque pas de cadrer de manière songeuse. Tout est aérien, beau, imaginatif et renversant.
Toute la créativité du film est renforcé par l'implication des acteurs. Mention spéciale à Tom Hiddleston qui vole la vedette à n'importe quel autre comédien du film. Funeste, intense, mélancolique et splendide à la fois, l'acteur sort vraiment du lot. Sa prestation est tellement remarquable qu'il crève l'écran et serait capable de porter le film à lui tout seul. Tout sonne juste chez lui, la mentalité de musicien, le mal aise de vampire et la précarité de son personnage sont interprété d'une grande force inventive. Une mutation vraiment bluffante du comédien anglais que l'on pourrait qualifier bien au delà de sa performance du personnage de Loki sous antidépresseurs.
Un portrait aussi visionnaire que singulier du cinéaste quant au mythe des créatures vampiriques. D'une poésie et d'un humour décalé rare, Only Lovers Left Alive se distingue vraiment par sa thématique, son exercice de style et l'inspiration du casting. Un film d'une grande classe qui ne démérite vraiment une deuxième vie en sortie DVD.

Note:4/5

jeudi 10 avril 2014

Aime, Boire et Chanter ->"Théâtre Filmé"

Le réalisateur Alain Resnais s'est éteint ce 1er mars 2014, il aurait été l'un des cinéaste incontournable du Cinéma français en 78 ans de carrière passée derrière la caméra. Sorti le 26 mars dernier, Aimer, Boire et Chanter aura été son film posthume, qui vient clôturer une filmographie bien riche, et incontournable pour les cinéphiles de la planète entière. On lui doit notamment Hiroshima, Mon Amour, Smoking/No Smoking, On Connaît la Chanson, Stavisky et dernièrement Vous n'Avez Encore Rien Vu. S'étant entouré d'une bande de comédiens habitués à son travail et récurrents au cours de sa filmographie (Sabine Azéma, André Dussolier, Pierre Arditi, Gérard Depardieu, Lambert Wilson, Michel Piccoli, Michel Vuillermoz...), Resnais aura fondé une grande famille de cinéma. Également scénariste et monteur, Le réalisateur de Nuits et Brouillards aura marqué une page du cinéma qui, aujourd'hui, se tourne après la disparition de ce dernier. Passionné par les arts, dont la peinture, la photographie, la littérature et le théâtre qui ont nourri son oeuvre. Son dernier film fait l'objet de l'adaptation de la pièce anglaise Life of Riley de Alan Ayckbourn, déjà deux fois adapté par le cinéaste. Comme à son habitude, le réalisateurs s'est entouré de quelques uns de ses habitués. Ainsi, dans Aimer, Boire et Chanter, Sabine Azéma donne la réplique à Michel Vuillermoz, Hippolyte Girardot et André Dussolier. Deux nouvelles s'ajoutent au casting: Sandrine Kimberlain et Caroline Sihol qui viennent donc prendre part à cette comédie de moeurs dans la campagne anglaise du Yorkshire.

Trois couples d'amis sont rongés par le sort de leurs ami en commun, George Riley. ce dernier est atteints d'un cancer. Pour soutenir leur ami dans cette épreuve, ils décident de monter une pièce de théâtre. L'heure est alors à la réanimation des vieilles querelles de ces dames qui vont faire jaser leurs époux. George devient alors pour chacun d'eux l'ami à la fois fidèle et exaspérant par son grand pouvoir de charme auprès de la gente féminine...
On aime ces personnages aux théâtre, leurs manières pleine de défauts, derrière un voile de conduite morale démagogue. À huis-clos, la pièce sonne le coup des règlements de comptes des écarts de chacun. Rancune de camaraderie, de jalousie ou de couple tout y passe et se marie extrêmement bien avec le contexte de la pièce. L'oeuvre originale devrait être extrêmement savoureuse. Dommage que ce que l'adaptation du réalisateur lui réserve soit si pauvre... On pense bien que la croisée des arts scéniques avec ceux de l'image soit chère à Resnais. Toutefois cette mise en abîmes du théâtre au cinéma n'est pas très novateur. "Théâtre filmé", c'est le terme qui convient le mieux pour décrire l'esthétique du film. Quelques prises de vue réelles par ci par là, qui viennent faire la liaison entre les différentes scènes et actes du scénario de la pièce porté à l'écran. Le reste se déroule dans des décors bien artistiques et manuels, propres aux planches de théâtre. Même si c'est cocasse un moment, l'ensemble des décors devient vite banal. Ce sont pleins d'exemples de ce détail là qui nuisent à l'originalité du travail d'adaptation de l'oeuvre original: Des codes du langage théâtral mal retranscris au cinéma, qui finissent pas excéder les spectateurs. Il y a une vraie prise de liberté risquée quant aux effets de style qui ne paye pas vraiment. Resnais se contente de prendre des plans d'ensemble pour cadrer tout l'espace de la scène, et d'un seul coup, il passe en plan rapproché avec une effet visuel sur fond vert mal incrusté...
Bref la séparation entre les deux arts reste trop flou, même si la mise en abîmes de ces derniers est clairement voulue par le metteur en scène, qui se cantonne à placer deux trois allusions au 7ème art dans son dernier long-métrage. Ça fait quand même sourire, mais on ne tarde pas à trouver cela un peu dénué de sens. On a même droit aux fameux animal des films de Resnais qui vient s'incruster au milieu des personnages, une (fausse) taupe qui sort du sol. L'autre inconvénient majeur de cet exercice de "théâtre-filmé" réside dans la direction des acteurs qui sonnent un peu (trop) comme sur scène, à pousser la voix dans l'exagération. Si Bertrand Blier en a fait son style de mise en scène pour ses comédies noires, ici, ça n'arrange pas la cohérence du film. Exception faite pour trois des comédiens: Sandrine Kimberlain, André Dussolier et Michel Vuillermoz qui s'en sortent à merveille malgré la contrainte.
Toutefois, il ne peut s'agir que de petits détails sur lesquels, on peut chercher à tergiverser, l'essentiel de l'esprit de la pièce étant préserver, notamment autour de la présence du personnage de George à travers l'ouvrage, qui est bien au centre des discussions et des discordes sans apparaître une seule fois à l'écran. Il y'a quand même, il faut le souligner, un plaisir communicatif de la part des acteurs et de l'équipe technique à s'investir et concrétiser  ce dernier film de Resnais, puisque que le projet Arrivée et Départ, avec Azéma, Sihol et François Damiens est désormais orphelin.

Note: 3/5

mercredi 9 avril 2014

Captain America, Le Soldat de l'Hiver ->"The Star-Splangled Soldier"

ATTENTION: SPOILERS
Nouvel opus des aventures du tout premier héros de Marvel, Steve Rogers, paré pour ses missions 2.0 après Avengers, ressort la combi de Captain America pour affronter un organisme qui gangrène le S.H.I.E.L.D, l'occasion pour creuser les personnages de Nick Fury et de Black Widow, afin d'en savoir plus sur la Phase 2 des studios Marvel. Réalisateurs fanboys du comic-book original, les frères Anthony et Joe Russo sont aux commandes de ce deuxième volet qui était sensé combler les fans du plus patriotique des super-héros et les nostalgiques des thrillers politiques des années 70's, d'où la présence de Robert Redford au casting. Car à l'aube de ce deuxième volet, il y avait la volonté du patron des studios Marvel de rendre hommage à ces films en bâtissant Le Soldat de l'Hiver sur le même modèle, tout en préparant le terrain pour la suite (dantesque) de la Phase 2 de l'univers Marvel... Bref, un film prétendant tenir à de nombreuses promesses en 128 minutes, mission un peu plus risquer que celle de Captain America qui revient distribuer des mandales dans le but de démanteler un réseaux de corruption au sein de son agence.

Il y a là un vrai pari de la part des studios, non seulement vis-à-vis des fans mais aussi vis-à-vis d'eux même. Depuis 2011, la franchise Captain America reste un peu le terrain glissant. Bien que le personnage soit une icône emblématique sur le sol américain, peu de personne ont été clientes des premières aventures de Steve Rodgers. Captain America: First Avenger avait amassé une rentabilité correcte au box-office, mais bien en dessous des attentes. Pourquoi ça? Surement parce que outre-Atlantique, les spectateurs s'ont un peu étrangers à la genèse du mythe (ou au mythe de la génèse) de Captain America. À croire qu'une force herculéenne, un bouclier-projectile et un mental de stratège brave et de leader ne rivalisent pas avec une armure volante ou un marteau foudroyant. Et pourtant, Captain America est peut-être le personnage le plus clef de la franchise Avengers. Comme pour le précédent volet, c'est lui qui est indispensable pour ouvrir sur les Avengers, et ce rien que par ces qualités. Élément-phare à la construction pharaonique de l'oeuvre de Marvel au cinéma, le deuxième film mettant en scène Steve Rogers solo était donc inévitable. Faute n'est pas d'avoir essayer de la part des studios de Feige d'avoir rendu le film attrayant avec les enjeux annoncés précédemment. Toutefois, le résultat final est bien loin de ressembler à ce que l'on pouvait s'attendre. Le côté thriller politique a clairement été laissé de côté pour faire place un film d'action standards (avec des scènes et cascades bien stylés, il faut le reconnaître) afin de rassasier le public mainstream client des blockbusters. D'un autre côté, l'aspect de creuser le passé de Fury et de Black Widow est aussi complètement aseptisé, on reste gravement sur notre faim au vu de ce que la promo du film semblait annoncé. Ah si, Natasha Romanoff et Steve Rogers en pincent l'un pour l'autre mais apparament le public et le seul à l'avoir remarquer...
Cependant, Captain America, Le Soldat de l'Hiver est bien loin d'être dénué de tout intérêt. À défaut d'être un film d'action standard sans vraiment de style novateur. Le film est peut-être l'un des meilleurs à s'être pleinement ancré dans la saga Marvel. Sans faire dans le fan-service, Le Soldat de l'Hiver fait (ré)apparaître des personnages bien cools (excepté le bad guy joué par Redford, tellement réchauffé qu'il en devient exaspérant), et qui participe à donner un avant-gout aux futurs opus de l'écurie Marvel. Par conséquent, malgré les 70 ans qui séparaient les deux films, le pont entre le premier et deuxième volet est parfaitement
établi. En plus de revoir Bucky Barnes, laissé pour mort à la fin du premier Captain America et devenu le fameux Soldat de l'Hiver (un personnage important pour ce qui est à venir puisque l'acteur, Sebastian Stan a signé pour 9 films avec Marvel, alors que le contrat de Chris Evans devrait se terminer avec Captain America 3, qui devrait arrivé après le deuxième Avengers), on retrouve l'Agent Maria Hill, jouée par Cobie Smulders. Après de brèves apparitions aux côtés de l'Agent Coulson dans le premier Avengers, le personnage de Hill passe enfin à l'action lors du dernier acte du film. De plus, ce film contient la première apparition du Faucon (joué par Anthony Mackie). Du beau monde qui s'affiche donc, ce qui convient parfaitement aux critères que Marvel à décider de remplir avec ce film, à savoir, mettre en lumière la suite de la Phase 2. Le tout d'un esprit kitsch propre au comic-book. La patte de Joss Whedon se fait clairement ressentir, lui qui avait contribué à rendre Thor: Le Monde des Ténèbres bien plus fun que le premier. En tout cas, cette recette semble avoir bien fonctionné puisque Captain America a explosé son record d'entrées et même devancé le premier Thor.
L'atout principal de Captain America, Le Soldat de l'Hiver réside vraiment sur ces derniers points: Renouer avec l'esprit du comic et se dévoiler comme un grandiose prequel de la suite de la Phase 2, notamment à travers les scènes post-génériques. Car les liens avec Avengers: Age of Ultron ont été fait. Puisque Von Strucker (l'un des bad guys du deuxième volet) a été montré aux côtés de Quicksilver et de Scarlett Witch. Faut-il même y voir une connexion avec les X-Men? Probablement... Car les connexions entre les Avengers et les Gardiens de la Galaxie sont déjà connu depuis la fin du deuxième volet de Thor et du lien entre le personnage de Gamora (Zoe Saldana) et Thanos (grand méchant du premier Avengers). De même que le Doctor Strange est également mentionné pour la première fois (film pour lequel Marvel aimerait bien voir Johnny Depp dans le rôle-titre). Quoiqu'il en soit la suite des évènements chez Marvel Studios va devenir sacrément mouvementé et prendre des proportions inattendues... Le meilleur reste avenir!

Note: 3,5/5

The Canyons, ->"American Rigolo"

Paul Schrader peut être considéré comme un vétéran du Cinéma. il entame sa carrière au côtés des cinéastes du Nouvel-Hollywood, il collabore notamment avec Sidney Pollack et Martin Scorsese (dont il signe les scénarios de Taxi Driver et de La dernière Tentation du Christ), il passe à la réalisation, en 1978, avec Blue Collar, un drame avec Harvey Keitel. Par la suite, il réalisera des films cultes comme American Gigolo et Mishima. Plus ou moins controversé au long de sa carrière, Schrader, aujourd'hui, peine à faire distribuer ses films (son film de guerre, Adam Resurrected, est prévu pour finir en direct to dvd un peu partout sur la planète). 2014 voit son retour avec un film terminé l'année précédente, The Canyons. Pour l'occasion, Schrader s'est associé avec Bret Easton Ellis, écrivain tout aussi controversé, notamment pour son roman American Psycho. Remarqué à son passage à Venise l'an dernier. La production et la distribution de The Canyons sont assez symptomatiques du cas de Paul Schrader sur ces dernières années de sa carrière. Avec un budget d'un quart de million de dollars, le réalisateur s'est retrouvé contraint à lancer un crowdfunding, récupérant à peine plus de la moitié de la somme accordé par les studios. Ainsi, les costumes, accessoires et décors mobiliers du film appartenaient aux membres de l'équipe du film. Un récit de fabrication tumultueux et deux noms qui aiment faire dans l'incovenance étaient à l'affiche de ce film qui semblait alors annoncer du lourd, en perspective...

Au programme de The Canyons, adultère, obsession, ego, paranoïa, ivresse, sexe et règlements de comptes, le tout dans un milieu hollywoodien tapageur. Des couples qui ont tous un pied dans le cinéma se déchirent mutuellement pour cause de l'ego, et de la passion de chacun. La psychose des personnages est facilement abordable puisqu'elle a déjà été vu plusieurs fois au cinéma. Ce qui intéressait ici, était plus la collaboration entre Ellis et Schrader, censé livrer un film des plus sulfureux...
Soit, un jeune producteur épris de sa copine actrice, amoureuse d'un acteur amateur, qui lui simule une relation avec l'assistante du producteur même. Tromperie, supercherie, trahisons et une bonne dose de cul font le théâtre de The Canyons. Chacun se lance dans le jeu pervers (dans tout les sens imaginables du terme) de l'autre. Rapidement, l'ensemble du délire des protagonistes va déraper... Ok, on a compris le message mais à l'arrivée que reste-t-il? Et bien une véritable déception. Malgrès les deux noms rattachés à l'affiche le résultat de leur complicité le résultat n'est pas vraiment celui attendu. Bien que les personnages sombrent dans l'aliénation et la violence, le film sonnerait presque trop... gentil. On repassera pour le côté méphistophélique de la chose, rien de vraiment visionnaire  ou virtuose dans la réalisation, et rien de bien neuf au niveau de l'écriture. De plus, le réalisateur s'essaie même à des trucs qui n'ont pas vraiment de sens. En effet, deux regards-caméra de la part des comédiens semblent vraiment wtf? et n'ont pas vraiment d'impact sur le film. Rien de vraiment risible mais  plutôt clairement prévisible. On avoue regretter de ne pas avoir été plus surpris, choqués ou dérangés par les mêmes plumes qui ont donné naissance à Travis Bickle et Patrick Bateman. À la fin de la projection, il y a clairement la frustration d'avoir le ressenti d'être passé à côté de ce qui aurai pu être le "nouveau Mulholland Drive", comme le clamait le journal The Examiner.
Toutefois, le film n'est pas détestable pour autant, en réalité il s'agit d'un thriller plutôt correcte avec des éléments à conserver. Dans un premier temps, les acteurs sont assez bon. Lindsey Lohan, à des années lumières de ses rôles Disney, reste convaincante et la prestation de James Deen se révèle intense, sans être exceptionnelle. mais surtout, c'est la thématique que le cinéaste rattache à son film qui est captivante. Schrader opère une mise en abîme du 7ème Art, d'abord parce qu'il est question de fabrication d'un film au sein d'un univers hollywoodien mondain tapageur, mais surtout parce qu'il fait la métaphore d'un art qui se meure. Plusieurs salles de cinéma en ruine laissées à l'abandon sont filmé pendant la séquence d'ouverture. La cinématographie s'éteint comme pour la pellicule, qui se fait ronger par les innovations technologiques (le numérique) qui accaparent déjà tous les protagonistes au fil des scènes, dont la première, dans un resto, ou deux des personnages sont rivés sur leurs smartphones pendant la discussion. Cet mise en abîme donne de l'ampleur  et une dimension ouverte au film. un point fort que Gus Van Sant vient renforcer le temps d'une apparition dans une scène où il joue un psy.
Somme toute, The Canyons est victime de son affiche trop clinquante pour ce qu'est le film au final. Sans être une masse de temps perdu, le film détient quelques arguments savoureux qui peuvent valoir les cents minutes de visionnage.

Note: 3/5

mardi 8 avril 2014

Her, ->"Romance 2.0 +"

Après 3 ans d'absence, Spike Jonze revient au long métrage avec cette romance originale. Une comédie dramatique donc, inscrite dans l'ère du temps... futur. Her serait presque un film de SF, dans une période proche, pour tout dire. Dans cet univers de Spike Jonze, le hardware est plus que présent dans notre quotidien, elle semble être de plus en plus interactive, voire même humaine... Meilleure scénario aux Golden Globes et aux Oscars et prix d'interprétation féminine au Festival de Rome pour Scarlett Johansson, Her s'est déjà fait remarqué comme un des films incontournables de l'année. Et pour cause? Voilà un curieux objet de cinéma, dont le pitch semble abracadabrant et pourtant tellement ancré dans l'ère du temps. Au casting, on retrouve Joaquin Phoenix dans le rôle principal, Amy Adams, Rooney Marra, Olivia Wilde, Chris Pratt et donc Scarlett Johansson qui signe une performance vocale... ahurissante.

Dans la vie Theodore (Phoenix), angelin déprimé au coeur sensible, tout semble rose. Les décors sont superbement mis en lumière par le chef op' Hoyte Van Hoytema qui donne presque un reflet de bonbon à l'image. La cosmogonie du film mélange agréablement des éléments rétro (comme les fringues) avec des éléments plus futuristes. Jonze fait partie, comme Michel Gondry, de ces cinéastes "bricolos" qui
retravaillent décors et accessoires de façon à offrir une "réalité" plus fantaisiste, ce qui donne plus de charme à leurs long-métrages. Toutefois son personnage se tapi dans sa tristesse suite à un divorce dont il ne se remet pas. C'est alors qu'il se procure un système informatique ultra moderne, qui ferait passer Siri pour un logiciel archaïque, qui s'accompagne de Samantha, une I.A très performante qui s'accorde avec la personnalité de Theodore. Les deux protagonistes deviennent rapidement complice te entame alors une idylle dont l'adjectif n'est pas encore inscrite dans le dico. Mais a raison de son intelligence presque (sur)humaine, les besoins et désirs de Samantha vont prendre des proportions inattendues...
J'ai beaucoup aimé Her pour plusieurs raisons. La première pour son esthétique et son ambiance. Ancré le spleen d'un personnage dans un univers aux images superbement léchées fait ressurgir une profonde mélancolie. La deuxième est pour le fait sociologue dont le film peut être sujet. Her souligne notre rapport à l'amour, au désir, au corps, à la place de la technologie dans nos vie et notre rapport aux autres. Le film pose un regard singulier sur tous ces aspect sans jamais prétendre en faire un brûlot. Tout est judicieusement montré et interprété. L'intelligence et l'originalité du scénario sont extrêmement séduisantes également. Dans son dernier acte, le film se conclu et s'ouvre à la fois sur une nouvel vision de cette romance si singulière. On ne peut pas parler proprement de "twist" mais ça reste une prouesse magistrale d'avoir osé une fin (ouverte) sur ce point. Il est difficile d'en dire plus sans rien spoiler.
Encore une fois, tout a été maîtrisé sur Her, à l'exemple même des acteurs, aussi investis que géniaux. Mention spéciale à Joaquin Phoenix dans un rôle qu'on aurait pu croire taillé sur mesure. Mais la prestation la plus essentiel de ce film reste celle de Scarlett Johansson. "Privée de son corps", l'actrice a certainement délivrée ici sa meilleure performance de sa carrière, tellement elle sonne juste et rend le film plus que cohérent par son investissement.

Bref un curieux objet de cinéma qui, j'insiste vaut parfaitement le détour, rien que pour comprendre toutes ces qualités qui restent difficile à exprimer une fois sorti de la salle.

Note: 4/5

True Detective, saison 1 ->"Deux Flics Ami-Ami"

HBO a fait une rentrée 2014 fracassante avec l'une de ses nouvelles création. Soit une mini-série (très) cinéphile. True Detective raconte la thème traque d'un serial ciller sur une période de près de 20 ans. Pour l'occasion, la chaîne du câble a réuni de grosse tête d'affiche: Woody Harrelson et Matthew McConaughey. Les deux acteurs texans sont les stars de ce polar qui se déroule en Louisiane  Au commandes de ce programme-choc, on retrouve le réalisateur de Sin Nombre, Cary Joji Fukanaga et le créateur Nic Pizzolatto qui avait déjà travaillé sur la version US de The Killing. Captivant, envoûtant et saisissant, True Detective ne démérite pas le succès qui lui est accordé depuis sa première diffusion, en janvier dernier. Retour sur une série brillante qui est parti pour marquer l'histoire du petit écran, qu'elle aura rendu grand...

Dans un tout premier temps, True Detective marque par l'intelligence et l'originalité de son récit. Même si le cadre dans lequel se déroule l'histoire a peut-être déjà été vu, les multiples ressorts du scénarios n'ont surement rien eu de comparable. Soit deux ex-inspecteurs de police qui sont appelé à témoigné d'une enquête qui a eu lieu 20 ans au paravant. Ce contexte de de refaire (re)surgir le passé a certainement donné son charme a la série. Au programme une alternance du récit entre deux époques, de longues séquences de flash-backs qui nous replonge dans cette enquête si particulière. Ambiance poissarde sous un soleil de plomb et des nuits aussi chaudes que le sang des protagonistes sont donc à l'ordre du jour. Pizzolatto a réussi a développé un style nerveux malgré l'énorme côté
onirique de la tournure dont prenne les épisodes. Un énorme facteur séducteur et attrayant se dégage de ces 8 heures de programme. Rien que par l'esthétique de son génériques d'ouverture, True Detective clouerait n'importe qui dans un fauteuil, les yeux rivés sur l'écran.
En bref, une vraie atmosphère de cinéma plane sur True Detective, et pourtant c'est un style bien particulier qui est développé ici, aucune influence peut être clairement relevée, même parmis les cinéaste-piliers du genre. David Fincher? Non, on est presque à l'opposé de son côté claustrophobe. Kim Jee-Woon? Toujours pas... De son sens du suspense, de l'évolution de l'intrigue et des personnages ou de ses coups de théâtre, True Detective fascine par ce qui fait son essence même.  Voilà une série qui risque de vous provoquer le plaisir pervers de re-regarder les 15 denières secondes de chaque épisodes... Palpitant(es.
En plus d'avoir comme point fort le suivi de cette enquête raconté au passé, La dynamique de la série peut se vanter de ses deux protagonistes policiers haut en couleurs, à la fois menaçants et auto-destrucifs. À travers un McConaughey macabre et un Harrelson, capable d'utiliser un gag de bib-bib et coyote comme métaphore funeste de ses états d'âme, True Detective opère une sorte de mise en abîmes de l'enquêtes à travers la psychologie tourmentée de ses personnages. Une double dynamique ultra-efficace donc, qui ne laissera aucun personnages et spectateurs indemnes.  
De plus, une réalisation très travaillée vient renforcé la richesse du scripte. De longs-plans séquences, un rythme presque lancinant font partie du style de Fukanaga. Et pourtant, le récit demeure haletant.
True Detective avait don déjà tout pour séduire, rien que dans sa première partie... Car en effet, un superbe rebondissement vient changer la donne à la fin de l'épisode 5. L'intéret de raconter cette enquête au passé prend tout son sens avec ce nouvel acte où la réalité est bien différente de ce qui est raconté. Enquête dans l'enquête, quelles sont les motivations de ce tandem de flics, qui vont au-delà de leur devoir d'inspecteur. Surprenant, éblouissant, cauchemardesque, rien ne surpasse le niveau de création et d'originalité dans l'écriture et le style de la série. Un jeux de piste aux proportions lugubres et néfastes. Le tout à découvrir avec ce duo de flic à la relation presque lunatique, au sein de laquelle un doigt d'honneur devient une marque de respect mutuelle.
Aussi inhabituel qu'attrayant, la série de Nic Pizzolatto aura moucher plus d'un spectateur. Une première saison qui s'est conclu avec brio, et qui ne peut annoncer que de bons mauvais présages pour la suite, dans laquelle on suivra une nouvelle enquête avec de nouveaux personnages. Les futures saisons annoncent un changement de formules (comme à la manière d' American Horror Story) pour au final marquer l'histoire du petit écran de son style singulier.

Note: 5/5

mercredi 19 mars 2014

Monuments Men, -> "Les 7 Salopards"

Cinquième réalisation et première incursion dans le film de guerre pour George Clooney. Après Les Marches du Pouvoir, l'acteur repasse derrière la caméra pour Monuments Men, l'histoire de sept non-soldats qui se lance dans une grande chasse au trésor à travers l'Europe en pleine Seconde Guerre Mondiale, à la recherche d'oeuvres d'arts volées par les Nazis. Pour l'occasion Clooney à réuni sa bande de pote (Matt Damon, John Goodman, Bill Murray, Cate Blanchett et Jean Dujardin). Un casting all-star pour la nouvelle réalisation de l'égérie de Nespresso.

Au départ de Monuments Men il y a clairement la liberté de renouer avec le film de guerre d'antan, ceux dont Lee Marvin ou Steve McQueen en était les star, les chef-d'oeuvres du genre qui prenait un ton comique, comme les La Grande Évasion ou Les 12 Salopards. Ainsi, pendant la première partie du film, l'esprit "film de potes" n'a rien de déplaisant et fonctionne plutôt bien. Entre alchimie et blagues multiples (allant de la farce à la private-joke), le facteur humoristique de Monuments Men fait mouche, Dujardin cabotine, Damon se fait brancher sur son niveau de français et Bill Murray fait... du Bill Murray. Sur son premier point, Clooney n'a pas défailli. Toutefois, il s'engage dans la deuxième partie de son récit vers une lourdeur qui plombe un peu l'ambiance rétro et plaisante qu'il avait réussi a instauré dans la première. Effectivement, il s'engage plus sur l'apologie de la préservation du devoir de mémoire -d'où la nécessité de récupéré les objet d'arts dérobés par les Nazis- ce qui est plus que louable, mais c'est à partir de cet instant que l'acteur-réalisateur ne trouve plus un ton adéquat à son film.
À vrai dire c'est le seul point peut être dérangeant du film. D'autre part le film se révèle plus que prenant, le récit est dynamique, la mise en scène bien rythmée. Le contrat est bien rempli par l'équipe du film, quant Monuments Men veut être drôle, il l'est. Quant il cherche des arguments de valeurs en faveur de la préservation de son patrimoine et du devoir de mémoire, il les trouve. Monuments Men n'a rien qui peut laisser dubitatif. De la bande-originale très revival d'Alexandre Desplat, de l'implication sincère du casting dans le film, les aventures de ces Monuments Men reste convaincant. De plus, Ce film est la preuve que Clooney développe un style singulier de cinéma optimiste, jovial et cordial, en qui certains voient déjà un héritier de Capra.
Un bon moment à passer en salle en compagnie de ces acteurs. Du cinéma pas trop prise de tête, mais qui donne quand même matière à réflexion sur sa thématique.

Note: 3,5/5

mardi 18 mars 2014

Dans l'Ombre de Mary - La Promesse de Walt Disney, -> "Mary à Tout Prix"

Troisième film qui vient confirmer l'attachement d'Hollywood à une de celle nouvelles tendances. Après My Week With Marilyn et Hitchcock, voici le nouveau récit d'un tournage d'un film culte. En 1961, Walt Disney tente d'avoir les droits d'adaptation du roman de Pamela Lyndon Travers, Mary Poppins. Durant deux semaines intenses, le patron des studios va se heurter à l'inflexibilité de l'auteure bien décider à maintenir sa vision des choses quant à l'adaptation, se heurtant alors à la créativité renommée des studios Disney.

Le cadre de l'histoire est assez intéressant, car en plus de l'affrontement entre de grandes figures à peine métallos (interprétées par deux grandes stars, qui plus est), le film dresse le portrait d'un personnage à part entière, la romancière. Car le film fait tout au long une utilisation judicieuse des flash-backs, jamais pompeuse, où tout sonne juste. Un double-récit donc, qui réussi à creuser la psychologie du personnage principal, expliquant à la fois l'origine de ses névroses et de sa rigidité. Ajouter à ça, l'excellence de l'incarnation de l'écrivaine par l'actrice EmmaThompson, qui parvient à rendre la personnalité de Travers dans toute sa superbe. Loin de la rendre détestable, l'actrice créer une composition touchante de ce personnage complexe. Le potentiel charmeur de Dans l'Ombre de Mary lui doit beaucoup. Cette alternance du récit tisse alors un fort portrait d'une personnes face à ses fantômes de son passé. Le roman Mary Poppins est plus personnel que l'on ne croît. Cette ode à l'enfance qu'est devenu ce film culte se retrouve dans les séquences de la propre enfance de l'auteur, en Australie, auprès d'un père aimant, rêveur et alcoolique...
Petit à petit, au fur et à mesure des séquence alternées entre l'Australie et Hollywood, la génèse du roman est décortiquée, analysée par le cinéaste et le spectateur, puis par les personnages du film. Car de cette confrontation entre Travers et Disney va naître et évoluer une des adaptation cinématographiques des plus fidèles qui ait existé (du moins, c'est ce que montre le film).
Dans l'Ombre de Mary reste un bon moment à passer en compagnie de ses acteurs. Il son t la raison première du facteur feel-good que l'on peut trouver dans ce film. En plus de Emma Thompson, on retrouve le très bon Paul Giamatti, Jason Schwartzman, et B.J. Novak. Colin Farrell trouve aussi son importance. Bien loin de livrer sa meilleure performance, l'acteur parvient tout même à incarner de façon charismatique le père de P.L Travers.
Mais c'est surtout Tom Hanks qui comble toutes les espérances. Attendu au tournant (il est le premier comédien à incarner l'emblématique patron de studios au cinéma), Hanks se démarque pour sa géniale prestation. Charismatique, chaleureux, bienveillant et passionné, l'acteur réussi un parfait cocktail d'émotion dans la composition de son personnage, sans tomber dans la caricature du "gros nounours". Le tandem qui livre avec Emma Thompson est plus qu'appréciable: duel de grandes figures, face-à-face de star du 7ème Art, la tête d'affiche de ce film resteront assez mémorable, même si ce style reste bien coutumier des studios Disney. Car ce duo/duel reste avant tout une initiation à l'indulgence et à l'épanouissement de soi.
Un bon petit film sans trop de prétentions. Pas besoin d'être fan de Mary Poppins pour apprécier ce long-métrage. Avoir surtout pour Tom Hanks et Emma Thompson.

Note: 3,5/5  


vendredi 28 février 2014

Broadchurch, saison 1 ->"Un Village Anglais"

La série-choc britannique de 2013 a débarqué en France, au mois de février dernier. Un polar de 8 épisodes de 3/4 d'heure tout droit venu du sud de l'Angleterre. En ce début d'année, pas particulièrement propice aux nouvelles séries policières sur nos écrans de télévision, Broadchurch a fait des étincelles, écrasant même à plates coutures Joséphine de TF1, le premier lundi de sa diffusion. Même Castle n'avait pas réussi un si bon score. Des audiences qui donnent le sourire lorsque l'on voit enfin qu'un programme de qualité explose les énièmes merdes produites par TF1. Enfin une série sensationnelle apprécié à sa juste valeur et des spectateurs qui se prêtent au suspense. Même s'il y a eu moins de monde au rendez-vous la deuxième semaines,rien ne dit que le final ne passera inaperçu sur nos antennes. Bref une future création culte (un projet de remake US est déjà prévu) qui vient non pas de la renommé BBC mais du réseau de télévision concurrent au Royaume-Unis, le groupe ITV. Tout est là pour séduire les amateurs et les novices du genres. Malgré quelques similitudes avec les séries de l'Europe de l'Est et le hit de ce début d'année, True Detective, la série créée par Chris Chibnall développe quand même son propre charme... britannique, où l'air marin ne fait qu'un avec l'ambiance glauque et mortuaire de l'enquête.
Un petit garçon est retrouvé mort sur la plage de Broadchurch, petit village côtier du sud du pays. L'inspecteur Alec Hardy est envoyé de la capitale pour résoudre l'affaire. Il fait équipe avec Ellie Miller, lieutenant du commissariat local. En charge de l'affaire, l'inspecteur a du mal à s'accommoder des coutumes de ce patelin coupé du monde. Car un meurtre dans une communauté où tout le monde se connaît, ça ne facilite pas l'enquête.
Broadchurch est captivant pour son fil conducteur, à savoir deux enquêtes dans l'une, celle des personnages sur le meurtre de l'ado et celle du téléspectateur sur le passé du personnage de l'inspecteur Hardy (joué par David Tennant). Chris Chibnall met l'accent sur la psychologie des personnages (enquêteurs et suspects). Connu pour ses interprétations comiques et excentriques (Docteur Who, Fright Night, Harry Potter et la Coupe de Feu), David Tennant livre une prestation très intense de cet inspecteur taciturne, solitaire et brisé. L'enquête est assez singulière, suspecter les membres d'une communauté taiseuse et commère à la fois, mène à des situation précaires. Journalistes avares de scoop et habitants méfiants à la mentalité taiseuse compliquent la tache des autorités. La série vaut plus le détour pour ses personnages que pour l'intrigue policière. Découvrir cette communauté en deuil en parallèle de l'enquête policière, mettre l'accent sur la psychologie des personnage voilà ce qui révèle toute la dimension humaine de l'ensemble des épisodes.
L'évolution du tandem d'enquêteur se révèle même captivante, incarné par les géniaux Olivia Colman et David Tennant, ce dernier reste le personnage le plus complexe de toute la série. Son passé, ses risques presque masos, sa fragilité, sa quête de pénitence ou de rédemption qu'il est venu chercher dans cette enquête... D'une grande intensité, la série a même développé son propre style esthétique. Sa photographie claire et ses sublimes slow motions ont contribué à un sens presque onirique.
Bref, un succès foudroyant très mérité et qui ne risque pas d'être délaissé:
ITV a signé pour une saison 2 et un projet de remake US a abouti chez Fox, sous le titre de Gracepoint, de quoi combler le planning de David Tennant. L'acteur reprendra en effet son rôle dans les deux séries.
Côté États-Unis, on retrouve Anna Gunn, Michael Peña, Jackie Weaver et Nick Nolte. 
Broadchurch n'a plus rien a envié des séries rivales scandinaves comme The Killing ou The Bridge.

Note: 4/5

jeudi 27 février 2014

The Grand Budapest Hotel, ->"Fantastic Mr. Fiennes"

C'est toujours un plaisir de retrouver le cinéma de Wes Anderson, son imaginaire, sa palette de couleur pastel, ses plans larges et sa petite famille (les acteurs Owen Wilson, Bill Murray, Jason Schwartzman, Willem Dafoe, Roman Coppola à la photographie et Alexandre Desplat à la musique). On connaissait l'admiration du réalisateur pour les écrits de Roald Dalh, mais cette fois si, c'est de l'oeuvre de Stefan Zweig (auteur, poète et dramaturge autrichien des deux siècles derniers) pour écrire The Grand Budapest Hotel. Même si l'univers de ce dernier était plutôt connu pour être morbide, on assiste bien ici à une relecture à la manière du cinéaste de Moonrise Kingdom. Malgré un léger penchant vers le glauque, tout ici est jubliatoire et pittoresque, soit une heure et quarante minutes impayables. Situé quelque part dans un monde aux frontières du réel, le dernier film de Wes Anderson raconte l'épopée, de la vie dans un palace de l'Europe de l'Est, pendant l'Entre-Deux Guerres.

La construction narrative de The Grand Budapest Hotel est un peu plus complexe que ce à quoi Wes Anderson nous avait habitué, du moins pour la séquence d'ouverture du film. République de Zubrowka, de nos jours, une jeune fille vient se recueillir devant le buste de son écrivain préféré. Saut dans le passé où nous rencontrons cet écrivain qui tiens à nous présenter son oeuvre: The Grand Budapest Hotel. Pour comprendre la genèse de son roman, il nous renvoie 30 ans en arrière, où il rencontre celui dont il a en réalité rédigé les mémoires. Ce dernier nous renvoie à nouveaux dans le passé, à la période ou se déroule l'intrigue principale. Rien que dans le premier quart d'heure, Anderson a fait des voyages dans le passé encore plus conséquent que les manifs réactionnaires actuelles.
Le coeur du film est la relation entre Zero, groom au Grand Budapest, et son mentor, M. Gustave, le concierge. On suit leur péripéties dans la cosmogonie très riche et très coloré du cinéaste, dont le ton (quelque part entre Agatha Christie et Ernest Lubitsch) burlesque et caustique fait mouche à tous les coups. Le paradoxe des couleurs, l'immensité des plans, chaque film de Anderson a beau contenir sa patte artistique, le réalisateur ne cesse de renouveler son univers. The Grand Budapest Hotel est à la croisée des versants de montagnes enneigées et l'architecture baroque des villages germano-polonais ou hongrois de l'époque. Bref, des décors hauts en couleurs pour des personnages qui ne le sont pas moins, tous un peu excentriques, rigolos et originaux.
Le tandem des deux personnages principaux se retrouvent impliqué dans une affaire de meurtre et de vol de tableau destiné à un héritage.Un sens de l'ironie glaciale plane sur tout le film et une ambiance mortuaire se fait clairement ressentir tout le long. Déjà pour ce côté "meurtre dans le placard" au poison ou à l'arme blanche. D'ailleurs le champs lexical de la mort est omniprésent -décès, meurtre, héritage- que des situations funeste auxquelles s'accordent très bien le second degrés et le sens du gag un peu potache du réalisateur. Plein de rebondissements très décalés rythment le film, qui ne ménage pas suspense, tension et rires. The Grand Budapest Hotel ne démérite pas les influences mentionnées précédemment. Ce film possède ses côtés si Lubitsch pour sa force comique, en apparence potache mais corrosif en profondeur, si Christie pour son humour noire, ironiquement macabre et décalé, avec ce ton un peu "anglais", si Zweig pour ce sens des passions amoureuses et de la peinture de cette époque conflictuelle. Mais surtout, si Wes Anderson, pour avoir réussi ce subtil mélange de tout ces genres artistiques, tout en développant un style bien à lui. Son découpage technique reste quand même osé et virtuose: Repousser les limites du cadre du film en performances "live" pour plus se rapprocher du cadrage du cartoon, défiant alors plusieurs aspects logiques de la Physique.
Le casting avait son importance, afin d'insuffler la vie et un dynamisme à la hauteur de ces personnages pétaradants. En tête d'affiche, on retrouve Ralph Fiennes, brillant dans le rôle de M. Gustave. En parfait accord avec les directions prises par son metteur en scène, Fiennes délivre une prestation débordante d'originalité et de créativité dans un rôle qu'on imaginait pas de composition. Loin de toute méthode académique, l'acteur incarne ce concierge gérontophile, raffiné au début pour se révéler plutôt instable par la suite. Une prestation faussement caricaturale qui renvoie au ton ironique du film par son jeu en retenu et sa spontanéité décalée, ce qui donne un peu ce côté anglais, à travers ce registre que l'on peu trouver tout droit venu d'Agatha Christie. Une performance intelligente et une prouesse comique remarquable de la part de Ralph Fiennes, ici à la tête de seconds rôles également bien barrés. Mention spéciale à Edward Norton, Adrien Brody et Mathieu Amalric.
Un vrai film au charme ravageur et truculent. Nouvel réussite du cinéaste Wes Anderson qui ne démérite pas l'Ours d'Argent reçu au Festival de Berlin pour cette comédie dramatique.

Note: 4/5

Un Été à Osage County, -> "Sweet Home Oklahoma"

La nouvelle co-production George Clooney-Grant Heslov se porte sur l'adaptation de la pièce de théâtre multi-récompensée (notamment aux Tony Awards) de Tracy Letts, qui signe même le scénario du film. Porté par la participation des Frères Weinstein à l'élaboration du projet, un casting all-star à été réuni pour le coup. Aux commendes de tout ce beau monde, on retrouve John Wells, le réalisateur de The Company Men. Calibré pour les Oscars, Un Été à Osage County n'a pourtant remporté que 2 nominations (pour ses actrices). À juste titre? Mmmoui, car dans l'ensemble Un Été à Osage County n'a rien d'exceptionnel. Le seul point qui vaudrait au film de sortir du lot est effectivement ses deux actrices. perçu comme un grand fac-à-face entre deux des actrices les plus emblématiques du cinéma, l'adaptation de la pièce de Letts était quand même attendu au tournant par l'ensemble de la planète cinéphile...

Le scénario raconte l'histoire de trois soeurs, de retour dans leur maison natal en Oklahoma, pour l'enterrement de leur père. C'est le mois d'Août et la chaleur environnante ne va pas tarder à réchauffer le sang des membres de la famille. Chacune débarque avec sa famille, son couple et également ses emmerdes à confronter à de vieilles rancunes qui refont surface  lorsqu'elles sont assisses face à leur vieille mère malade. Osage County est clairement 120 minutes de "En famille, on se soutient, on se déteste". D'ailleurs ça aurait été la tagline parfaite. Une famille réunie dans le deuil qui au lieu de s'entraider va tenir à régler ses comptes. Combats de coqs et crêpage de chignons en vue, donc. Le problème, c'est que les personnages ont beau être attachants (plus ou moins), ils restent un peu surfaits -dans l'écriture comme dans l'interprétation- acteur en service minimum pour des rôles parfois au bord de la caricature. Cela n'empêche pas au film d'être prenant par moments. Quelques scènes provoque un certain impact sur le spectateur, surtout par les virage à 90° degrés que prend l'ambiance des scènes de groupe. Toutefois, on est quand même loin de Vinterberg. De plus, cette comparaison n'a pas de sens. Reste, simplement, à démontrer que le film s'est aventurer sur un terrain qui ne peut qu'être glissant. Cette vacillation constante entre les relations des personnages cherche un peu trop à se vouloir comme des séquences d'anthologie. On aurait aimé que l'équipe du film creuse les rapports que certains personnage ont avec leur superficialité sur le vieillissement... D'autres piste comme ça se révèlent inexploitées, alors qu'elle avaient un gros potentiel de richesse des personnages et de la trame. Plusieurs éléments auraient du être plus s'émanciper de la pièce d'origine lors de la transcription vers le grand écran, car plusieurs séquences sont un peu monotones.
Reste quand même avant tout le point fort du cinéaste qui a su superbement filmer les campagnes désertes de l'Oklahoma. Pour revenir aux jeu des acteurs, reste à dire, que seul  Ewan McGregor se démarque le mieux des actrices principales. Il insuffle la dose correct de pathétisme de respectabilité à son personnage. Quant à la composition de Meryl Streep, son défaut résulte dans la manière dont elle a appréhendé le rôle. Outre le fait que sa prestation reste convenable, son incarnation de la matriarche est un peu inégale, car trop calculé, trop académique pour rendre toute la dimension excentrique de son personnage. En revanche, c'est tout le contraire de Julia Roberts, resplendissante avec une approche plus spontanée de son protagoniste de mère quarantenaire dépressive. Une vraie performance à laquelle l'actrice ne nous avait plus habitué depuis longtemps. Splendide et "nature" (dans tout les sens du termes), elle remporte au la main ce duel avec sa co-star, si ce dernier a bien lieu. À se demander même pourquoi elle n'est pas nominé dans la même catégorie que Streep, Bullock et Blanchett aux Oscars.
Au final, grosse production pour petit film, méritant de ses quelques nominations. Malgré quelques prétentions, une comédie dramatique appréciable à sa juste valeur comme l'a fait l'Académie des Oscars.

Note: 3/5


Oscar 2014: Les Grands Oubliés

Comme chaque année, les Oscars ne font pas que des heureux. La contrainte de nommer que 5 personnes pour chaque catégorie, afin que l'académie puisse trancher plus facilement, conduit forcément à des grands oublier aux yeux de tous.
Voici un récapitulatif (subjectif) de ce qui manqueront à la cérémonie du 2 mars prochain

Meilleur Acteur                                                        Meilleur Film
-Tom Hanks, Capitaine Phillips                                 -Inside Llewyn Davis
-Oscar Isaac, Inside Llewyn Davis                            -Prisoners
-Idris Elba, Mandela: A Long Walk to Freedom        -Blue Jasmine
-Joaquin Phoenix, Her                                              -Les Brasiers de la Colère

Meilleure Actrice                                                     Meilleur Scénario Original
-Emma Thompson, Dans l'Ombre de Mary              -J.C. Chandor, All Is Lost
-Amanda Seyfried, Lovelace                                    -Joel et Ethan Coen, Inside Llewyn Davis
-Kate Winslet, Last Days Of Summer

Meilleure Actrice dans un Second Rôle                Meilleure Adaptation
-Carey Mulligan, Inside Llewyn Davis                       -Aaron Guzikowski, Prisoners 
-Rooney Mara, Her                                                   -Sofia Coppola, The Bling Ring
-Julia Louis Dreyfus, All About Albert
-Jackie Weaver, Parkland

Meilleur Acteur dans un Second Rôle                   Meilleure Photographie
-Steve Coogan, Philomena                                       -Anthony Dod Mantle, Rush
-Woody Harrelson, Les Brasiers de la Colère           -Hoyte Van Hoytema, Her
-James Gandolfini, All About Albert                          -Sean Bobbitt, 12 Years a Slave
-Daniel Brühl, Rush                                                   -Darius Khondji,The Immigrant
-Paul Giamatti, Parkland

Meilleur Réalisateur                                               Meilleure Musique                   
-Ryan Coogler, Fruitvale Station                              -Hans Zimmer, 12 Years a Slave
-James Gray, The Immigrant                                   -Alex Ebert, All Is Lost
-Woody Allen, Blue Jasmine
-Joel et Ethan Coen, Inside Llewyn Davis
-Scott Cooper, Les Brasiers de la Colère


Meilleure Chanson                                                 Meilleur Film d'Animation
-Lana Del Rey, Gatsby Le Magnifique                     -Monstres Academy
-T-Bone Burnett, Inside Llewyn Davis                     -Le Congrès
-José González, La Vie Rêvée de Walter Mitty


Meilleur Film Étranger                                           Meilleurs Effets Spéciaux Visuels
-Le Passé                                                                -Pacific Rim
-A Touch of Sin                                                        -Elysium
-The Grandmaster



-Également, un temps, annoncé comme de sérieux candidats, puis au final absents de la cérémonie:

Lee Daniels et Forest Whitaker étaient pressentis pour rafler plusieurs nominations, avec Le Majordome. Une presse quasi-unanime, et le promoteur d'avoir arracher des larmes au Président Obama laissaient supposer que cette fresque historique, signée par le cinéaste de Paperboy, allait être un sérieux concurrents dans la course aux statuettes. On voyait même en Daniels un digne successeur de Spike Lee, un parrain d'une "blackrévolution" artistique à Hollywood. Il faut croire que l'académisme (un peu redondant), dont fait preuve le film, n'a pas séduit l'Académie. Le Majordome repart bredouille. À juste titre? Le Cinéma américain est l'un des seules à ne pas se renfermer sur des formes d'arts et d'essaies classiques. Un peu trop mélo, le film de Lee Daniels doit s'incliner devant une autre renaissance de cinéma blackpower: 12 Years a Slave et Steve McQueen ont su apporter plus de fraîcheur à leur long-métrage porte-parole du devoir de mémoire américain.
L'un des hits de cet automne, décrété comme le meilleur polar de l'année, Prisoners ne décroche qu'une seule nomination, celle de la direction photo. Longtemps perçus comme des incontournables de la compétition, Hugh Jackman (pressenti pour la catégorie Meilleur Acteur), Jake Gyllenhaal (en tant que Meilleur Acteur dans un second Rôle) et le réalisateur Denis Villeneuve demeurent absents.

Inside Llewyn Davis figure comme le plus grand incompris de l'année. L'odyssée folk de Oscar Issac méritait bien plus que deux nominations techniques (Meilleure Photo et Meilleur Mixage Sonore).

Ils sont plusieurs à être complètement passés à la trappe: Du Sang et des Larmes de Peter Berg, que tout le monde prévoyait comme un candidat considérable, finit sur la touche (à l'exception de deux nominations techniques), juste à côté du Majordome, plutôt prévisible en fin de compte, non?
Même sort pour Rush et OldBoy... Le premier a beau réuni les noms de figures courantes de la soirée des Oscars (Ron Howard, Peter Morgan, Hans Zimmer), le casting ne sera que éventuellement présent pour remettre une éventuelle récompense. Le deuxième était attendu au tournant. Aux manœuvres du remake d'un film coréen culte et adulé par la presse US, Spike Lee semble s'être planté avec son dernier film.
Avec un sujet qui aurait dû le propulser parmi les favoris, le résultat final de Parkland ne s'est pas montré à la hauteur de participer à l'évènement, exception faite pour deux de ses comédiens.
Les Brasiers de la Colère est celui qui manquera le plus à l'appel (et aux coeur des participants).
Évoqué en tant qu'outsider, La Vie Rêvée de Walter Mitty n'est finalement pas rentré aux courses pour les Oscars.

Une première depuis longtemps, les Frères Weinstein n'ont pu placer aucun de leurs poulains pour la consécration ultime. Réputés pour leur flair en matière de trouver la perle cinématographique et enjôleuse, Harvey et Robert ne seront en lice que par l'intermédiaire de leur actrices (Meryl Streep et Julia Roberts, nominées pour Un Été à Osage County) et par... U2 (nominés pour l'Oscar de la Meilleure Chanson, pour leur travail sur Mandela: Un Long Chemin vers la Liberté).