mercredi 9 avril 2014

The Canyons, ->"American Rigolo"

Paul Schrader peut être considéré comme un vétéran du Cinéma. il entame sa carrière au côtés des cinéastes du Nouvel-Hollywood, il collabore notamment avec Sidney Pollack et Martin Scorsese (dont il signe les scénarios de Taxi Driver et de La dernière Tentation du Christ), il passe à la réalisation, en 1978, avec Blue Collar, un drame avec Harvey Keitel. Par la suite, il réalisera des films cultes comme American Gigolo et Mishima. Plus ou moins controversé au long de sa carrière, Schrader, aujourd'hui, peine à faire distribuer ses films (son film de guerre, Adam Resurrected, est prévu pour finir en direct to dvd un peu partout sur la planète). 2014 voit son retour avec un film terminé l'année précédente, The Canyons. Pour l'occasion, Schrader s'est associé avec Bret Easton Ellis, écrivain tout aussi controversé, notamment pour son roman American Psycho. Remarqué à son passage à Venise l'an dernier. La production et la distribution de The Canyons sont assez symptomatiques du cas de Paul Schrader sur ces dernières années de sa carrière. Avec un budget d'un quart de million de dollars, le réalisateur s'est retrouvé contraint à lancer un crowdfunding, récupérant à peine plus de la moitié de la somme accordé par les studios. Ainsi, les costumes, accessoires et décors mobiliers du film appartenaient aux membres de l'équipe du film. Un récit de fabrication tumultueux et deux noms qui aiment faire dans l'incovenance étaient à l'affiche de ce film qui semblait alors annoncer du lourd, en perspective...

Au programme de The Canyons, adultère, obsession, ego, paranoïa, ivresse, sexe et règlements de comptes, le tout dans un milieu hollywoodien tapageur. Des couples qui ont tous un pied dans le cinéma se déchirent mutuellement pour cause de l'ego, et de la passion de chacun. La psychose des personnages est facilement abordable puisqu'elle a déjà été vu plusieurs fois au cinéma. Ce qui intéressait ici, était plus la collaboration entre Ellis et Schrader, censé livrer un film des plus sulfureux...
Soit, un jeune producteur épris de sa copine actrice, amoureuse d'un acteur amateur, qui lui simule une relation avec l'assistante du producteur même. Tromperie, supercherie, trahisons et une bonne dose de cul font le théâtre de The Canyons. Chacun se lance dans le jeu pervers (dans tout les sens imaginables du terme) de l'autre. Rapidement, l'ensemble du délire des protagonistes va déraper... Ok, on a compris le message mais à l'arrivée que reste-t-il? Et bien une véritable déception. Malgrès les deux noms rattachés à l'affiche le résultat de leur complicité le résultat n'est pas vraiment celui attendu. Bien que les personnages sombrent dans l'aliénation et la violence, le film sonnerait presque trop... gentil. On repassera pour le côté méphistophélique de la chose, rien de vraiment visionnaire  ou virtuose dans la réalisation, et rien de bien neuf au niveau de l'écriture. De plus, le réalisateur s'essaie même à des trucs qui n'ont pas vraiment de sens. En effet, deux regards-caméra de la part des comédiens semblent vraiment wtf? et n'ont pas vraiment d'impact sur le film. Rien de vraiment risible mais  plutôt clairement prévisible. On avoue regretter de ne pas avoir été plus surpris, choqués ou dérangés par les mêmes plumes qui ont donné naissance à Travis Bickle et Patrick Bateman. À la fin de la projection, il y a clairement la frustration d'avoir le ressenti d'être passé à côté de ce qui aurai pu être le "nouveau Mulholland Drive", comme le clamait le journal The Examiner.
Toutefois, le film n'est pas détestable pour autant, en réalité il s'agit d'un thriller plutôt correcte avec des éléments à conserver. Dans un premier temps, les acteurs sont assez bon. Lindsey Lohan, à des années lumières de ses rôles Disney, reste convaincante et la prestation de James Deen se révèle intense, sans être exceptionnelle. mais surtout, c'est la thématique que le cinéaste rattache à son film qui est captivante. Schrader opère une mise en abîme du 7ème Art, d'abord parce qu'il est question de fabrication d'un film au sein d'un univers hollywoodien mondain tapageur, mais surtout parce qu'il fait la métaphore d'un art qui se meure. Plusieurs salles de cinéma en ruine laissées à l'abandon sont filmé pendant la séquence d'ouverture. La cinématographie s'éteint comme pour la pellicule, qui se fait ronger par les innovations technologiques (le numérique) qui accaparent déjà tous les protagonistes au fil des scènes, dont la première, dans un resto, ou deux des personnages sont rivés sur leurs smartphones pendant la discussion. Cet mise en abîme donne de l'ampleur  et une dimension ouverte au film. un point fort que Gus Van Sant vient renforcer le temps d'une apparition dans une scène où il joue un psy.
Somme toute, The Canyons est victime de son affiche trop clinquante pour ce qu'est le film au final. Sans être une masse de temps perdu, le film détient quelques arguments savoureux qui peuvent valoir les cents minutes de visionnage.

Note: 3/5

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